Éviction des produits laitiers, compléments alimentaires… les régimes et les modifications alimentaires sont couramment adoptés par les personnes souffrant de rhumatismes inflammatoires chroniques, mais que dit la science ? Les premières recommandations françaises ont été présentées par le Pr Claire Daien (service de rhumatologie, CHU de Montpellier) lors de la Journée Benjamin Delessert en février 2023.

Ces recommandations ont été élaborées devant un constat : les patients atteints de maladies inflammatoires font de nombreuses expériences alimentaires, en essayant différents régimes ou en excluant certains aliments pour voir si ces interventions soulagent leurs symptômes. Pour pouvoir conseiller les patients, un groupe de travail sous l’égide de la Société française de rhumatologie, en partenariat avec les sociétés de nutrition (SFN, SFNCM, AFERO et AFDN) et les associations des patients (Andar, Aflar, Afpric) a réalisé une analyse systématique de la littérature concernant trois pathologies – la polyarthrite rhumatoïde, la spondylarthrite ankylosante et le rhumatisme psoriasique.

Ce travail a permis d’élaborer 9 recommandations :

1. Chez les patients en surpoids ou obèses, l’accompagnement vers une perte de poids pourrait être proposé pour contrôler l’activité du RIC.

2. Le régime sans gluten ne devrait pas être proposé pour le contrôle de l’activité du RIC, en l’absence de maladie cœliaque confirmée.

3. Le jeûne ou le régime végétalien ne devraient pas être proposés pour contrôler l’activité du RIC.

4. L’éviction des produits laitiers ne devrait pas être proposée dans la prise en charge des RIC. La littérature est encore trop pauvre sur ce sujet.

5. Une supplémentation en acides gras essentiels poly-insaturés, principalement oméga-3 (EPA + DHA > 2 g/jour) peut être proposée à visée symptomatique aux patients atteints de PR et probablement d’autres RIC.

6. Une alimentation de type méditerranéen pourrait être proposée, en raison de ses effets symptomatiques articulaires et surtout cardiométaboliques.

7 Pour le contrôle de l’activité du RIC, il n’y a pas d’indication à proposer une supplémentation vitaminique (B9, D, E, K) ou en oligoéléments (sélénium et/ou zinc). Les essais randomisés contrôlés sont globalement négatifs.

8. Les probiotiques ne sont pas conseillés pour contrôler l’activité du RIC, les données d’efficacité étant actuellement insuffisantes et hétérogènes.

9. Certaines supplémentations (safran, cannelle, ail, gingembre, sésamine, concentré de grenade) pourraient avoir un effet bénéfique sur la PR mais les données sont trop limitées pour les proposer en pratique courante.