Chez les personnes atteintes d’une maladie ventilatoire chronique gênées dans leur quotidien, la réadaptation respiratoire améliore la qualité de vie, réduisant les symptômes et le handicap. Quelles sont ses indications ? Quel programme prescrire ? Comment trouver les structures et les professionnels impliqués sur son territoire d’exercice ?

 

 

Un programme exigeant

Le programme comprend un réentraînement à l’exercice pour une pratique des activités physiques adaptées (APA) de façon autonome. Il est mené soit en hospitalisation dans un service de soins de suite et de réadaptation (SSR), soit en ambulatoire en hospitalisation de jour ou avec des professionnels de ville. Il repose idéalement sur une vingtaine séances de réentraînement à l’exercice, bihebdomadaires. Un suivi nutritionnel et une prise en charge psychosociale peuvent être associés. 

Plusieurs professionnels sont mobilisés. Les kinésithérapeutes travaillent tant sur l’endurance que sur le renforcement musculaire, le comportement ventilatoire à l’effort et, si besoin, l’apprentissage de l’autodrainage bronchique. Ils peuvent être assistés par des enseignants en APA pendant ou après le programme (maintien des acquis). D’autres intervenants peuvent être impliqués selon les besoins du patient : diététicien(ne)s, psychologues, ergothérapeutes et/ou travailleurs sociaux. 

Un bilan initial est indispensable :

– des tests fonctionnels respiratoires et à l’exercice. Un test cardiorespiratoire d’effort maximal est recommandé, surtout en cas de pratique de réentraînement hors supervision médicale immédiate. La prescription mentionne la fréquence cardiaque cible pour le travail en endurance et la nécessité ou non d’une oxygénothérapie à l’effort ;

– un bilan nutritionnel : au minimum poids, IMC ;

– un diagnostic éducatif afin de déterminer avec la personne ses besoins et objectifs.

Des autoquestionnaires sur la qualité de vie ou l’état anxiodépressif sont répétés en début et fin de programme afin d’évaluer ses effets.

 

Une efficacité indéniable

Dans la BPCO, la réhabilitation respiratoire (RR), qu’elle soit réalisée en hospitalisation ou en ambulatoire, diminue la dyspnée, améliore les capacités physiques et la qualité de vie. Dans les suites d’une hospitalisation pour exacerbation, elle diminue les réhospitalisations et la mortalité à 1 an, favorisant ainsi une réduction des coûts de santé. Des effets significatifs sur la qualité de vie et la capacité physique se maintiennent en moyenne pendant 1 an, mais la pérennité des effets est très dépendante de la capacité des sujets à préserver leurs acquis. La pratique d’APA collectives et individuelles ou un coaching par téléphone peut les y aider.

 

Chez quels patients ?

Malgré ce niveau de preuve d’efficacité, moins de 10 % des patients atteints de BPCO ont bénéficié d’un programme de réhabilitation respiratoire en France. Fort de ces constatations, un groupe de travail de la HAS a fait des propositions en 2014.

La BPCO doit être évoquée systématiquement en consultation, devant toute dyspnée ou toux chronique, surtout en cas de tabagisme actif ou passé. Le dépistage spirométrique en soins primaires se développe peu à peu, favorisé par l’utilisation de minispiromètres avec des capteurs jetables autocalibrés, voire par la délégation d’actes à des infirmières (dispositif Asalée ou centre de santé).

Une fois le diagnostic posé, un plan d’action est proposé. Le sevrage tabagique est indispensable. Face à un sujet ayant déjà arrêté de fumer ou ayant une BPCO sans tabagisme associé (10-15 % des BPCO), les bronchodilatateurs inhalés, bêta-2-agonistes et anticholinergiques améliorent le VEMS, la dyspnée et réduisent les exacerbations. L’efficacité sur la dyspnée est toutefois variable d’un individu à l’autre, pouvant aller d’un soulagement net à une inefficacité clinique. Une dyspnée persistante dans les activités du quotidien malgré un traitement bronchodilatateur, voire un sevrage tabagique, doit inciter à proposer un programme de réadaptation respiratoire. Enfin, en cas de sévérité, de contrôle insuffisant ou d’explorations complémentaires, un suivi pneumologique régulier s’impose.

 

Programme ambulatoire ou hospitalier ?

Le choix dépend du stade de la maladie, des besoins et des préférences du patient. Un programme ambulatoire ou à domicile avec coordination et encadrement rigoureux (avec des professionnels travaillant en réseaux) permet de ne pas entraîner de rupture avec la vie familiale, sociale ou professionnelle, et facilite le maintien des acquis. La réhabilitation respiratoire réalisée en service de SSR est privilégiée pour les patients nécessitant de se réentraîner avec des équipements respiratoires (oxygène à fort débit, ventilation non invasive, appareil de réentraînement électro-entraîné, électrostimulation musculaire…), dépendant et/ou exigeant une interaction forte entre les différents professionnels. Les deux modalités peuvent aussi s’articuler, le programme ambulatoire prenant le relais de celui initié en hospitalisation après un gain d’autonomie suffisant. 

Pour connaître les structures et professionnels impliqués dans la réhabilitation respiratoire, une liste consultable par région est disponible sur le site de la Société de pneumologie de langue française, à l’initiative du groupe Alvéole : https://bit.ly/31wOvqC.

 

Cinzia Nobile, La Revue du Praticien

D’après : Bellocq A. BPCO : la réadaptation respiratoire trop peu utilisée. Rev Prat Med Gen 2020;34:752-3.