En France, l’épidémie hivernale de bronchiolite débute généralement à la mi-octobre, atteint un pic en décembre et se termine à la fin de l’hiver, avec un fort impact sur notre système de soins et un taux d’hospitalisation de 3 % chez les moins de 1 an. Qu’en est-il cette année ?
La bronchiolite aiguë touche jusqu’à 30 % des nourrissons de moins de 2 ans chaque année lors des épidémie hivernales. Les bébés de moins de 6 mois représentent 80 % des cas. Le virus respiratoire syncytial (VRS) est le plus souvent en cause (65 % des formes hospitalisées), mais le rhinovirus est retrouvé dans 25 % des cas. La transmission se fait par contact direct avec les sécrétions contaminées, ou indirect (jouets, mains, stéthoscope…).
L’épidémie saisonnière débute généralement à la mi-octobre, atteint un pic en décembre et se termine à la fin de l’hiver. Chaque année, la bronchiolite a un fort impact sur notre système de soins, avec un taux d’hospitalisation de 3 % chez les moins de 1 an.
Dans le contexte actuel de la pandémie de Covid, il est particulièrement intéressant de surveiller la bronchiolite lors de cette saison 2020-21. Tout d’abord, cela permet d’évaluer l’impact des mesures actuellement en vigueur sur la transmission du VRS. En effet, les enfants de moins de 2 ans sont susceptibles de se contaminer entre eux, notamment à la crèche (les mesures barrières entre eux étant difficiles à appliquer !). De plus, ce suivi permet d’étudier l’éventuelle contribution du SARS-CoV-2 à l’incidence de cette pathologie. D’autant plus que, selon une étude américaine chez des enfants hospitalisés, les co-infections VRS - coronavirus saisonniers seraient assez fréquentes.
Où en est-on début décembre ? Selon le Dr Sydney Sebban, pédiatre, coordinateur du réseau Bronchiolite Île-de-France : « Pas l’ombre d’une bronchiolite pour le moment, que ce soit en ville ou à l’hôpital ». En effet, le bulletin BEH du 2 décembre de Santé Publique France indique l’absence de circulation active du VRS à ce jour. Seulement 329 enfants de moins de 2 ans ont été vus aux urgences pour bronchiolite du 23 au 29 novembre 2020, dont 118 ont été hospitalisés. Parmi les 21 prélèvements naso-pharyngés réalisés en ville, aucun n’était positif pour le VRS et parmi les 1 173 faits à l’hôpital, seulement 2 l’étaient.
Rappelons qu’à la même époque l’année dernière (4/12/19), la France était déjà en phase épidémique ou pré-épidémique (selon les régions) : 3 744 enfants de moins de 2 ans avaient été vus aux urgences pour bronchiolite lors de la semaine précédente (10 fois plus que cette année !) et 1 251 avaient été hospitalisés. En 2018, dans le bulletin du 5 décembre, la carte de la France était rouge écarlate avec une épidémie en cours dans toutes les régions (à l’exception de la Corse), 4 738 passages aux urgences, 1 581 nourrissons hospitalisés et une proportion de prélèvements positifs de VRS de 30 %.
Les mesures adoptées pour endiguer la pandémie de Covid (confinement, mesures barrières, port du masque généralisé et par le personnel de la petite enfance) bloqueraient aussi la circulation du VRS chez les bébés. « Cela est lié probablement à l’écologie de ce virus, avec un mode contamination descendant des grands vers les petits, et peu de contaminations horizontales notamment en crèche », confirme le Dr Sydney Sebban.
Même constat dans l’hémisphère sud, où il y a eu une circulation extrêmement faible voire nulle du VRS et du virus de la grippe. Reste à suivre l’impact des mesures de déconfinement dans les prochaines semaines…
Cinzia Nobile, La Revue du Praticien