La campagne vaccinale contre la Covid fait l’objet d’une surveillance renforcée mise en place par l’ANSM. Dans ce cadre, le groupement Épi-Phare a conduit une étude de pharmaco-épidémiologie sur plus de 4 millions de Français âgés de 75 ans et plus, afin de comparer les incidences des hospitalisations pour Covid-19 chez les personnes vaccinées et non vaccinées au cours des deux premiers mois de la campagne en France.
Le suivi, arrêté au 20 mars, a inclus 1 422 461 sujets vaccinés entre le 27 décembre 2020 et le 24 février 2021 (89 % du total des personnes vaccinées sur la période), à savoir : les personnes âgées résidant en établissement ou service de long séjour (EHPAD, USLD), puis, à partir du 18 janvier, l’ensemble des personnes de 75 ans et plus, ainsi que celles ayant de pathologies à haut risque, quel que soit leur âge. Chacun de ces patients a été apparié en trio à deux sujets non vaccinés de même âge, sexe, région administrative et, le cas échéant, type de résidence, et comparables du point de vue des comorbidités (2 631 108 témoins ont été inclus au total).
Parmi les sujets vaccinés, 92 % l’avaient été avec Comirnaty, avec un délai médian de 28 jours entre les deux doses. Globalement, entre la date d’injection de la 1ère dose et la fin du suivi, les données montrent une diminution de 59 % du risque d’être hospitalisé pour Covid, par rapport aux personnes n’ayant pas reçu le vaccin ; et, en prenant en compte les données à partir du 7e jour suivant la 2e dose, le taux de protection contre les formes graves nécessitant une hospitalisation s’élevait à 87 % (et jusqu’à 91 % chez les 75-84 ans). Concernant la mortalité après J7 suivant la 2e dose, les analyses préliminaires montrent une protection de 91 % chez les vaccinés.
Ces données de vraie vie viennent s’ajouter à celles des campagnes vaccinales menées en Israël – les premières à avoir été publiées – avec Pfizer également, au Royaume-Uni (Pfizer et AstraZeneca) et au Qatar (Pfizer), qui avaient aussi confirmé l’excellente efficacité de ces vaccins chez les sujets âgés – des données fondamentales étant donné que dans les essais cliniques de ces vaccins les sujets âgés, pourtant les plus à risque de forme grave de Covid, étaient sous-représentés. Les résultats issus de ces pays estimaient le taux de protection contre l’hospitalisation à 98 % chez les plus de 75 ans (Israël), 90 % chez les plus de 65 ans (Royaume-Uni) et 97 % tous âges confondus (Qatar).
Toutefois ces données françaises n’ont pas permis de prendre en compte l’efficacité du vaccin contre les variants circulant sur le territoire actuellement (anglais, sud-africain, brésilien), car leur recueil est antérieur à la circulation massive de ces derniers. À cet égard, les données qataries donnent néanmoins des résultats encourageants : dans la cohorte de près de 300 000 personnes vaccinées par Pfizer dans ce pays, l’efficacité du vaccin contre les formes graves dues aux variant anglais (B.1.1.7) et sud-africain (B.1.351) a été estimée à 97 % ; en prenant en compte aussi les formes peu symptomatiques de la maladie, ce taux était tout de même de 90 % contre B.1.1.7 et de 75 % contre B.1.351.
Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien
Pour en savoir plus :
Ansm. Les vaccins réduisent fortement le risque de forme grave de Covid-19 chez les personnes de plus de 75 ans en France. 27 mai 2021.
Korsia-Meffre S. Vaccin Comirnaty contre la Covid-19 : quelle efficacité contre les formes sévères des personnes âgées ? Vidal, 27 mai 2021.
À lire aussi :
Nobile C. Comirnaty : les premières données de « vraie vie » après vaccination en Israël. Rev Prat (en ligne), janvier 2021.
Nobile C. Baisse drastique des hopitalisations après vaccination en Écosse ! Rev Prat (en ligne), février 2021.
Nobile C. Efficacité des vaccins contre les variants : résultats de vraie vie au Qatar ! Rev Prat (en ligne), 12 mai 2021.