Aujourd’hui, les seuls cancers à faire l’objet d’un tableau de maladies professionnelles en lien avec l’exposition à l’amiante sont les cancers broncho-pulmonaires et de la plèvre (mésothéliome). Depuis 2012, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) considère qu’il existe aussi un lien causal entre exposition à l’amiante et cancers des ovaires et du larynx.
Cependant, d’après l’analyse des données recueillies dans une expertise menée par l’Anses cette année, ces cancers liés à une exposition professionnelle à l’amiante sont sous-déclarés et sous-reconnus. En effet, les patients, comme les médecins, ne font souvent pas le lien entre cancers des ovaires et du larynx et amiante.
Quels sont les secteurs d’activité concernés ?
Ils sont nombreux, en raison de l’utilisation massive de l’amiante en France pendant plus de 130 ans. Avant son interdiction en 1997, la production et l’utilisation de l’amiante étaient les principales sources d’expositions professionnelles en France. Désormais, le secteur le plus à risque est celui du BTP, incluant les travaux de retrait et d’intervention sur des matériaux et produits contenant de l’amiante. D’autres secteurs comme l’élimination de déchets, le transport, le secteur agricole sont concernés. Enfin, de nombreuses activités professionnelles sont effectuées dans un environnement contaminé (administration, enseignement, santé).
Pourquoi les femmes ?
Les femmes étant peu nombreuses dans le BTP, les études épidémiologiques ont été principalement réalisées chez les hommes. L’exposition professionnelle à l’amiante des femmes concerne surtout la fabrication de textiles non inflammables. Mais certains secteurs les exposent aussi de façon indirecte : le secteur de la santé par exemple, dans lequel elles sont surreprésentées. L’Anses recommande ainsi d’améliorer la traçabilité des expositions professionnelles des femmes.
Recommandations
Se fondant sur de nombreuses études scientifiques de qualité, l’Anses conclut que le lien causal entre cancers des ovaires et du larynx est avéré, et plaide pour la création d’un tableau de maladie professionnelle. Cela faciliterait la reconnaissance de ces cancers, donc l’indemnisation des malades, en permettant de reconnaître automatiquement le lien avec une exposition professionnelle à partir du moment où le demandeur remplit les conditions définies par le tableau.
Si la groupe de travail a formulé ses préconisations concernant les conditions d’exposition à l’amiante et les méthodes de diagnostic des maladies qui pourraient servir à créer les tableaux, il appartient désormais à l’État de décider de leur création, dans les régimes général et agricole, après avis des commissions de maladies professionnelles.
En savoir plus :
Anses. Cancers de l’ovaire et du larynx en lien avec l’exposition à l’amiante. Avis de l’Anses, rapport d’expertise collective. Janvier 2022.