L’hypothèse d’une dissémination du chikungunya n’est pas à exclure dans les régions tempérées d’Europe où son vecteur, Aedes albopictus – dit le moustique tigre – est désormais établi, notamment en Italie et dans le sud de la France. On estime que près de 500 000 Français ont été contaminés en outre-mer, en voyage et même ponctuellement dans le sud-est de l’Hexagone (2 cas à Fréjus en 2010, 11 à Montpellier en 2014, 17 au Cannet-des-Maures et à Taradeau en 2017).

 

Endémique en Asie du Sud et en Afrique, le chikungunya a fait son apparition en Europe en 2007, pour après se propager à La Réunion, en Nouvelle-Calédonie, aux Antilles, en Guyane et en Polynésie française. L’infection provoque des douleurs articulaires aiguës, pouvant être persistantes et invalidantes. 

La prise en charge est purement symptomatique, reposant essentiellement sur des antalgiques (paracétamol ou, si échec, médicaments de palier 2 ou 3). Ces traitements n’ont cependant aucun effet préventif sur la survenue d’une évolution chronique.

Qu’il s’agisse de la France d’outre-mer ou hexagonale, l’origine d’une épidémie est identique. Un voyageur virémique se fait piquer par un moustique Aedes autochtone compétent pour transmettre le virus une semaine plus tard.

Le médecin généraliste joue un rôle crucial dans la prévention et l’identification des cas : prescription de la protection antivectorielle individuelle aux voyageurs dans les zones à risque, détection clinique au retour ou devant un tableau évocateur en zone non épidémique, coordination de la prise en charge standardisée des cas confirmés et orientation des patients complexes vers les spécialistes, éducation sanitaire sur la réalité du risque dans les régions colonisées par les moustiques Aedes. Attention, c’est une maladie à déclaration obligatoire : les cas doivent être signalés immédiatement à l’agence régionale de santé !

 

Cinzia Nobile, La Revue du Praticien

 

Javelle É, Simon F. Chikungunya : risque avéré d’épidémie en France. Rev Prat Med Gen 2019;33:166-7.

Cabié A. Chikungunya. Rev Prat 2020;70:336-40.