Traitement de référence des formes sévères et morbides de l’obésité (IMC > 35 kg/m² et IMC > 40 kg/m² respectivement), la chirurgie bariatrique est en expansion depuis une trentaine d’années : actuellement, 500 000 patients ont été opérés en France, soit quasiment 1 % de la population. Une étude de l’Inserm récemment publiée dans Nature Communications vient de montrer aussi que ses bénéfices dans le contrôle du diabète de type 2 sont très rapides, intervenant avant même la perte de poids… Comment l’expliquer ?

 

La chirurgie bariatrique utilise deux techniques (la sleeve gastrectomy, qui consiste à retirer la majeure partie de l’estomac, et le bypass gastrique, qui consiste à en exclure une grande partie du circuit alimentaire) pour réduire la capacité stomacale et restreindre ainsi l’apport calorique. Les auteurs ont donc étudié, d’abord sur des rats et ensuite sur des échantillons de tissu gastrique et intestinal humains, les effets de cette réduction de l’estomac sur l’activité de certaines cellules productrices de l’hormone GLP-1 (glucagon-like peptide 1), qui est trouvée en quantité très élevée dans le sang des patients obèses opérés.

L’hormone GLP-1, impliquée dans le contrôle de la glycémie, est sécrétée principalement par des cellules du côlon et de l’iléon, mais elle est aussi produite dans l’estomac. Les chercheurs ont ainsi constaté que chez des rats minces, les cellules de l’estomac qui libèrent cette hormone en petite quantité perdent leur sensibilité au glucose si ces rats deviennent obèses, et ne produisent plus l’hormone GLP-1. Or lorsqu’une partie de l’estomac leur est retirée, ces mêmes cellules prolifèrent et récupérèrent leur sensibilité, ce qui entraîne une augmentation du taux de GLP-1 circulant.

La reprogrammation cellulaire qui fait suite au remodelage de l’organe peut paraître paradoxale, mais elle a été confirmée dans un second temps sur des cellules de tissu gastrique et intestinal issues de patients des hôpitaux Bichat à Paris et Louis-Mourier à Colombes (obtenues en partenariat avec les chirurgiens et cliniciens qui assurent la prise en charge chirurgicale de l’obésité sévère). Si le lien biologique entre ce remodelage de l’estomac et l’intervention chirurgicale reste à éclaircir, la production en grande quantité de GLP-1 qui s’ensuit est une importante découverte pour expliquer cette régulation glycémique avant même que les effets physiques de la chirurgie bariatrique n’entrent en jeu…

Pour en savoir plus

Inserm. Comment la chirurgie bariatrique améliore le contrôle du diabète. 4 février 2021.

À lire aussi

Genser L, Barrat C, Chiheb S, et al. Chirurgie bariatrique. Rev Prat Med Gen 2019;33:233-40.

Czernichow S. Des alternatives à la chirurgie bariatrique ? Rev Prat Med Gen 2020;34:223.