Le vaccin à ARNm Pfizer/BioNTech a démontré une efficacité de 95 % dans la prévention de la Covid-19, avec un schéma à deux doses (espacées de 21 jours), dans un essai randomisé de phase III contrôlé par placebo, que nous avons précédemment analysé. Son efficacité était de 52 % après la première dose, ce qui correspond au niveau minimal d’efficacité considéré comme acceptable par l’OMS pour les vaccins contre le SARS-CoV-2.
Cependant, comme pour tout vaccin, de vastes études de phase IV sont nécessaires pour évaluer sa performance dans des contextes de vie réelle où la vaccination est largement déployée, d’autant plus que ce vaccin impose des contraintes complexes et inhabituelles en termes de stockage et de manipulation. En Israël, la campagne de vaccination contre le coronavirus a débuté le 19 décembre 2020, en donnant la priorité aux personnes de plus de 60 ans, aux soignants et aux patients à risque de faire une forme grave. Au 15 janvier 2021, le taux de vaccination était le plus élevé dans le monde : de 25,3 pour 100 habitants.
Dans une première étude de phase IV parue en preprint, des chercheurs israéliens ont évalué l’efficacité à court terme de la première dose du vaccin BNT162b2 contre l’infection par le SARS-CoV-2, analysant les données de 503 875 personnes (âge moyen de 59,7 ans ; 47,8 % d’hommes) vaccinés entre le 19 décembre 2020 et le 15 janvier 2021. Cet échantillon correspond, selon les auteurs, à environ 25 % de la population totale vaccinée en Israël à cette date.
Compte tenu des résultats de phase III, les chercheurs ont émis l’hypothèse que l’incidence cumulative des infections par le SARS-CoV-2 chez les sujets vaccinés commençait à diminuer 12 jours après la vaccination. Ils ont donc comparé les taux d’infection cumulés pendant les 12 premiers jours après la première dose, versus ceux relatifs à la période entre le 13e et le 24e jour. L’évaluation a été faite sur les cas confirmés par PCR (et non sur les cas de maladie symptomatique, comme dans l’essai clinique).
L’incidence cumulée de l’infection par le SARS-CoV-2 était de 0,57 % (n = 2 484) au cours des 12 premiers jours et de 0,27 % (n = 614) à 13-24 jours. La diminution était significative à partir du 18e jour après la première dose. Les auteurs en concluent donc une réduction du risque relatif d’infection de 51,4 %. Des valeurs similaires ont été retrouvées dans les différents sous-groupes : chez les personnes âgées de plus de 60 ans (44,5 %), les jeunes (50,2 %), les femmes (50,0 %) et les hommes (52,1 %). Les résultats étaient également comparables chez les sujets de différentes ethnies et ayant diverses comorbidités (sauf chez les diabétiques, qui semblaient être moins bien protégés : 35-40 %).
Cette étude montre que le vaccin Pfizer/BioNTech a une bonne efficacité, de 51 %, dans la prévention de l’infection par le SARS-CoV-2 (symptomatique ou asymptomatique) après une première injection dans des conditions de « vraie vie ». Bien que les auteurs soulignent l’importance d’administrer la deuxième dose pour obtenir une protection maximale, ces résultats pourraient soutenir la volonté actuelle, dans certains pays, de vacciner le plus grand nombre de personnes avec la première dose (rappelons qu’en France, le schéma à deux doses est maintenu, en respectant un délai de 21 jours entre les deux injections).
Une autre étude préliminaire israélienne révèle les premiers signes de l’efficacité du vaccin sur la diminution des infections, montrant dans les 3 semaines précédant le 2 février, chez les plus de 60 ans (dont 77,7 % ont été vaccinés), une baisse de 41 % des cas positifs, de 31 % des hospitalisations et de 24 % des admissions en réanimation.
Cinzia Nobile, La Revue du Praticien