Aussi appelées NPS (nouveaux produits de synthèse ou new psychoactive substances) ce sont des molécules partiellement modifiées sur le plan chimique ; 1 004 NPS actuellement signalés à l’Office des Nations unies contre les drogues et le crime (ONUDC).1
Elles miment une drogue ou un médicament psychoactif en contournant initialement la législation (legal highs ou euphorisants légaux) : en France, la majorité des NPS a été classée au tableau des stupéfiants.
Huit grandes familles (tableau) : cannabinoïdes de synthèse, phénéthylamines (dont cathinones de synthèse), pipérazines, tryptamines, opioïdes de synthèse, benzodiazépines (BZD) de synthèse ou research chemicals BZD (RC-BZD), arylcyclohexylamines (méthoxétamine, famille de la kétamine et PCP) et arylalkylamines (6-APB).
Risque des drogues usuelles + risque spécifique des NPS : manque de connaissances pharmacologiques et toxicologiques, public jeune et parfois naïf de produit, polyconsommation importante, pureté (concentration élevée), facilité d’accès et inadéquation possible entre étiquetage et contenu.

Complications

Quatre grands groupes de NPS occupent le terrain et ont en commun 2 complications possibles : addiction et risque de décès.
Cannabinoïdes de synthèse : mêmes effets que le cannabis mais parfois avec une puissance supérieure :
– aigus : comportements violents, convulsions, hallucinations auditives ou visuelles riches, colorées (fractales ou motifs géométriques) et idées suicidaires ;
– chroniques : syndrome d’hyperémèse cannabique (vomissements récurrents associés à des douleurs abdominales calmées par des douches chaudes compulsives).2
Phénéthylamines dont les cathinones : complications sympathomimétiques (syndrome sérotoninergique, troubles cardiovasculaires, neuropsychiatriques, hyperthermie maligne, mydriase, céphalées, bruxisme, convulsions, rhabdomyolyse toxique indépendante d’une hyperthermie ou d’un effort physique…).3 Proches des amphétamines et de la MDMA (ecstasy).
Cathinones : attaques de panique prolongées, état délirant aigu, hallucinations acoustico-verbales, paranoïa, dépression, idées suicidaires, troubles cognitifs. à noter : état de violence et de passage à l’acte auto- ou hétéro-agressif.
Opioïdes de synthèse dont les fentanyloïdes : risque majeur d’overdose létale avec de faibles quantités, coma calme, hypotonique, myosis serré et dépression respiratoire.
RC-BZD : troubles neuropsychiques (amnésie, désorientation, confusion) persistants.

Pratiques sexuelles et NPS

Le chemsex :
usage de substances psychoactives (SPA) avant ou pendant la pratique sexuelle ;
– objectif : améliorer « performance », durée et plaisir.
Le slam (« claquer » en anglais) :
– en progression chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ;
– 3 caractéristiques : usage d’un psychostimulant ; par voie intraveineuse ; dans un contexte de pratique sexuelle.

Identification

Échappe aux techniques analytiques de routine.
Analyses toxicologiques à réaliser par un laboratoire spécifique : compétence et matériel adéquat (détection par spectrométrie de masse).
Détecte avec précision et dose la ou les substances réellement consommées : inadéquation fréquente entre la molécule annoncée à l’achat et celle identifiée.4

Prise en charge

En milieu hospitalier, surveillance constante devant le risque d’aggravation du tableau clinique ou de sevrage brutal.
Traitement symptomatique adapté au type de NPS.
NPS stimulants, dérivés des phénéthylamines :
correction des troubles hydroélectrolytiques ;
– prise en charge de l’agitation, des convulsions (sédation par benzodiazépine [diazépam/clonazépam]), de l’hyperthermie (déshabillage, refroidissement externe et hydratation), de l’hypertonie musculaire (dantrolène par voie intraveineuse).
Analogues fentanyloïdes :
– antidote des opiacées (naloxone) en cas de symptômes d’overdose à cette molécule ;
– à répéter à des doses supérieures en l’absence de réponse immédiate (très puissants) ;
– 2 AMM sont disponibles en France pour la naloxone en ville : Prenoxad (IM) et Nyxoid (solution nasale).
RC-BZD : flumazénil, double rôle d’antidote et de confirmation diagnostique (réveil rapide du patient après administration).
Encadre

Quand penser à une intoxication par nouveau produit de synthèse ?

• Clinique orientant vers une des familles de ces produits ;

Analyses toxicologiques usuelles négatives (cocaïne, héroïne, cannabis, médicaments psychoactifs) ;

Notion :

– d’achat de substances sur internet ;

– de partage de produits avec un nom inconnu ;

– et de « cannabis sans odeur ».

Références
1. UNODC. Current NPS Threats. Vol. III. Octobre 2020. https://bit.ly/2I15nys
2. Marillier M, Batisse A, Edel Y, et al. Cannabinoid hyperemesis syndrome: A Parisian case series. J Clin Psychopharmacol 2017;37:739-43.
3. Djezzar S, Marillier M, Batisse A, Chevallier C. Substances psychoactives à visée addictive et récréative, produits de coupe et modes de consommation. In: Baud F, Garnier R. Toxicologie clinique. Paris: Lavoisier; 2017;767-843.
4. Marillier M, Batisse A, Richeval C, et al. CHEMSEX, NPS & risk reduction management: preliminary results of a pilot study (2017). Toxicol Anal Clin 2017;29:47-56.

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