Ce jeune garçon de 7 ans, vivant avec ses parents et ses deux sœurs, consultait pour des lésions périanales évoluant depuis 6 mois… Il avait comme antécédent un syndrome néphrotique sur néphropathie lupique, sous corticothérapie à forte dose (1 mg/kg/j) depuis plus d’un an. À l’examen, on notait de multiples lésions érythémateuses, verruqueuses en crête de coq périanales (fig. 1) ; mais ni cicatrices anciennes, ni ecchymoses, griffures, hématome ou fissure anale ; le tonus sphinctérien était bon. On notait la présence d’une papule ronde, bien limitée, à bord net, à surface rugueuse, de 4 mm de diamètre, siégeant au niveau palmaire gauche (fig. 2), évoluant depuis 2 ans. L’interrogatoire minutieux de l’enfant et de la maman ne trouvait pas de notion d’abus sexuel. Les sérologies virales des hépatites B et C, du VIH et le TPHA/VDRL étaient négatives. L’examen à l’anuscope ne trouvait pas de lésions internes. Devant le terrain d’immunodépression, l’absence de signes en faveur d’un abus sexuel et la présence d’une verrue palmaire précédant l’apparition des lésions périanales, le diagnostic de condylomes acuminés auto-inoculés était retenu.
Les condylomes acuminés, ou crêtes de coq, sont des verrues anogénitales, exophytiques, plus ou moins kératosiques, papillomateuses, souvent multiples et parfois confluentes.1 Le mode de contamination est le plus souvent sexuel. Cependant, une auto- ou une allocontamination de verrues digitales sont possibles, surtout chez les enfants.1 Dans une revue récente de la littérature, chez des enfants de moins de 14 ans, les verrues anogénitales étaient liées à un abus sexuel dans 31 à 58 % des cas.2 Quelques facteurs prédisposent au développement de condylomes acuminés : la transplantation, les traitements immunosuppresseurs, la corticothérapie au long cours et les biothérapies.1 Trois types de traitement sont disponibles : chimiques, immunomodulateurs et les traitements physiques destructeurs ou ablatifs.1 La vaccination contre le papillomavirus est recommandée chez les jeunes filles de 11-14 ans.1
Références
1. Bouscarat F, Pelletier, Fouéré S, Janier M, Bertolloti A, Aubin F, la section MST de la SFD. Verrues génitales (condylomes) externes. Ann Dermatol Venereol 2016;143:741-5.
2. Rogstad KE, Wilkinson D, Robinson A. Sexually transmitted infections in children as a marker of child sexual abuse and direction of future research. Curr Opin Infect Dis 2016;29:41-4.

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