Le SARS-CoV-2 peut se multiplier dans les entérocytes, comme le montre une étude publiée récemment dans la revue Science, et environ 10 % des cas de Covid-19 s’accompagnent de troubles gastro-intestinaux, surtout une diarrhée. D’autres publications suggèrent que le virus peut être excrété dans les selles pendant longtemps, notamment chez les enfants ; les porteurs asymptomatiques ou paucisymptomatiques, quant à eux élimineraient momentanément le virus par cette voie (jusqu’à 30 à 50 %).
C’est pourquoi la surveillance des eaux usées, à l’instar de ce qui se fait pour le virus de la poliomyélite, permettrait de détecter et quantifier par RT-PCR des acides nucléiques du SARS-CoV-2, quand bien même ils auraient été inactivés (très sensible aux agents oxydants comme l’hypoclorite, ce virus est en effet rapidement inactivé dans l’eau, contrairement aux entérovirus sans enveloppe).
Ce type d’enquête sur des échantillons d’eaux usées prélevées dans les stations d’épuration a déjà été réalisé dans des agglomérations d’autres pays (Pays-Bas, Luxembourg, Italie, Espagne, États-Unis). Une étude menée à Paris, montre la corrélation entre la quantité d’acides nucléiques et l’évolution de la courbe épidémique. Un indicateur qui serait un outil précieux pour prévoir d’éventuelles résurgences…
De fait, une enquête citée par Le Mondefait état de 6 analyses positives sur 12 prélèvements effectués du 22 au 25 juin, quoiqu’à des niveaux minimes. À la lumière de ces résultats, l’Agence régionale de santé d’Île-de-France travaille avec Eau de Paris et le Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne à l’élaboration d’une méthodologie pour traquer le virus dans les eaux usées du département.
Pour en savoir plus
Covid-19 : surveillance de la circulation du SARS-CoV-2 dans les eaux usées, indicateur simple de suivi de la pandémie de Covid-19, communiqué de l’Académie nationale de médecine du 7 juillet 2020.
Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien