Bien que les manifestations polymorphes chez les malades sans forme grave (signes respiratoires, anosmie, agueusie, pseudo-engelures, troubles digestifs, atteinte neurologique) disparaissent en quelques semaines avec la guérison, cela ne doit pas faire méconnaître, d’une part, la possibilité d’apparition de signes de gravité – en particulier cardiorespiratoires – nécessitant une hospitalisation, et d’autre part, la persistance ou résurgence de certains symptômes après la guérison. Il peut s’agir de l’anosmie, de sensations de gêne respiratoire, de dysesthésies des extrémités et d’une fatigabilité intense, mais aussi de troubles psychologiques s’apparentant au syndrome de stress post-traumatique avec angoisse de mort, liés à l’isolement et au confinement. Le suivi des patients convalescents requiert une attention particulière envers ces manifestations résurgentes pour ne pas méconnaître d’autres affections aiguës non liées au Covid-19 (infarctus du myocarde, maladie thrombo-embolique, etc.), surtout en présence de comorbidités.
Chez les malades de retour à domicile après une hospitalisation, a fortiori s’ils ont été admis en réanimation, on observe souvent des troubles trophiques, avec amaigrissement, dénutrition et myalgies, nécessitant supplémentation protidique, kinésithérapie motrice et respiratoire. Des dérèglements psychologiques pouvant affecter la concentration et la mémoire sont rapportés, ainsi que des accidents thrombo-emboliques et des insuffisances rénales. Par ailleurs, les images de tomodensitométrie pulmonaire font redouter l’apparition d’une fibrose pulmonaire secondaire, comme après le SRAS et le MERS. La prise en charge de ces convalescences instables nécessite une coopération accrue avec les différents spécialistes d’organe.
L’Académie de médecine recommande donc :
– une vigilance accrue des médecins qui assurent leur suivi et une prise en charge adaptée des manifestations cliniques persistantes ou résurgentes de l’infection ou des troubles séquellaires de l’hospitalisation, sans méconnaître toute affection aiguë sans rapport avec le Covid-19 ;
– la prescription de tests diagnostiques (RT-PCR) chez les convalescents toujours symptomatiques, en particulier chez les patients non hospitalisés qui n’avaient pas été testés lors de l’épisode initial, et de tests sérologiques (IgM + IgG ou Ig totales) pour évaluer leur statut immunitaire ;
– un recours approprié aux supplémentations nutritionnelles, à la réadaptation physique et à la prise en charge psychologique ;
– un maintien des gestes barrières avec port du masque dans la sphère publique et l’interdiction de contacts rapprochés avec des personnes à risque de forme grave pendant les 7 jours suivant la levée du confinement.
Pour en savoir plus
Académie de médecine, Suivi des patients convalescents de la Covid-19 par le médecin généraliste, communiqué du 2 juin 2020.
Ministère des Solidarités et de la Santé, Prise en charge par les médecins de ville des patients de atteints de Covid-19 en phase de déconfinement, fiche professionnels de santé du 13 mai 2020.
L. M. A., La Revue du Praticien