Une étude anglaise qui vient d’être publiée sur medRxiv montre que les patients ayant des formes légères ou asymptomatiques de la Covid ont à la fois des anticorps neutralisants dirigés contre la protéine Spike et des lymphocytes spécifiques contre d’autres protéines virales. L’espoir d’un vaccin efficace se concrétise !

 

Plusieurs études ont montré que, chez les patients infectés par le SARS-CoV-2, les anticorps neutralisants sont détectables 10-15 jours après le début de l’infection, mais ils diminuent avec le temps, en 2-3 mois, notamment chez les personnes ayant des formes légères. Une immunité cellulaire (médiée par les lymphocytes T), plus difficile à mettre en évidence, pourrait en revanche être durable. Dans l’infection par le SARS-CoV-1, par exemple, les anticorps disparaissent en 1-2 ans, alors que les réponses T peuvent persister jusqu’à 17 ans !

Dans cette cohorte anglaise, des professionnels de santé ont été suivis à partir du début du confinement : une PCR était réalisée toutes les semaines, ainsi qu’un test sérologique ; les patients devaient également compléter un auto-questionnaire sur leur état de santé (dans lequel ils devaient décrire leurs symptômes). 

Les auteurs de cette étude ont analysé, 16-18 semaines après le confinement, les réponses humorales et cellulaires chez les 76 professionnels de santé qui avaient eu une infection légère ou asymptomatique par le SARS-CoV-2, en les comparant à celles de 60 soignants avec les mêmes caractéristiques (âge, sexe, ethnie) mais qui n’avaient pas été infectés (tests PCR et sérologies négatifs tout au long du suivi).

 

Des anticorps neutralisants contre les protéines S1 et NP ont été retrouvés chez 90 % des patients ayant été infectés ; chez 66 %, leurs titres étaient élevés (considérés donc comme protecteurs vis-à-vis d’une réinfection). L’analyse de l’immunité cellulaire T a montré des réponses hétérogènes vers différentes protéines du virus. Même si les réponses individuelles contre chaque région étaient faibles, leur fréquence cumulée était comparable à celle développée contre d’autres pathogènes comme les virus influenzae et le SARS-CoV-1. Ces réponses étaient significativement plus élevées par rapport à celles observées chez les sujets qui n’avaient pas rencontré le virus : par exemple, 85 % et 49 % avaient des réponses T contre la protéine NP et S1 respectivement, versus 29 % et 12 % chez les contrôles (ces réactions immunes chez les personnes non infectées peuvent être liées à une immunité croisée avec d’autres coronavirus).

 

Un autre point important : 10 % des patients ayant eu la Covid n’avaient pas des anticorps détectables à 16-18 semaines, mais avaient des faibles quantités de lymphocytes T spécifiques contre 2 à 5 antigènes du virus. Même si le rôle de ces derniers dans la protection contre une réinfection est à confirmer, ces résultats sont très encourageants pour le développement de vaccins efficaces dont l’objectif est d’induire une réponse immunitaire durable !

Cinzia Nobile, La Revue du Praticien

 

Pour en savoir plus

Reynolds CJ, Swadling L, Gibbons JM, et al. Healthcare workers with mild/ asymptomatic SARS-CoV-2 infection show T cell responses and neutralising antibodies after the first wave (preprint). MedRxiv. 14 octobre 2020

Image : Micrographie électronique à balayage, colorée, d'un lymphocyte T. Crédit : National Institute of Allergy and Infectious Diseases, National Institutes of Health (États-Unis).