Nous le savons, les anticorps produits après infection par le SARS-CoV-2 jouent un rôle important dans l’immunité protectrice : les anticorps neutralisants reconnaissent la protéine S du SARS-CoV-2 et bloquent l’entrée du virus dans les cellules. Leur taux est devenu un indicateur incontournable en matière d’évaluation vaccinale, en l’absence d’autres marqueurs biologiques de la réponse immunitaire antivirale.
Cependant, les taux d’anticorps déclinent quelques mois après la phase aiguë de l’infection. Cette diminution se traduit-elle par une perte de la protection, comme c’est le cas pour les autres coronavirus saisonniers ?
Il ne faut pas oublier que l’immunité protectrice ne repose pas uniquement sur les anticorps neutralisants. D’une part, plusieurs études ont montré l’existence d’une réponse cellulaire, impliquant les lymphocytes T CD4 et CD8, chez les patients ayant fait des formes symptomatiques de la Covid mais aussi chez les sujets asymptomatiques. Cette réponse cellulaire est moins étudiée car très laborieuse à mettre en évidence sur le plan expérimental. D’autre part, le déclin des anticorps peut correspondre à une « contraction de la réponse immune ». Petit rappel en immunologie : les anticorps diminuent car les cellules productrices d’anticorps (plasmablastes dérivés des cellules B) n’ont qu’une courte durée de vie. L’organisme conserve cependant un petit contingent de cellules B « mémoire » qui, lui, persiste dans l’organisme (de même que des lymphocytes mémoires T CD4 spécifiques).
Dans cette étude parue en preprint, les auteurs ont étudié les échantillons sanguins de 25 patients infectés par le SARS-CoV-2. Chez ces sujets, les anticorps neutralisants sont détectables 6 jours après confirmation de l’infection par PCR, mais ils diminuent au bout de 20 jours. Grace à une analyse par cytrométrie de flux, les auteurs ont réussi à isoler des cellules B mémoire spécifiques contre la protéine S et la nucléocapside du SARS-CoV-2 : détectées après l’infection, elles persistent pendant 242 jours (8 mois). Dans un premier temps, ces cellules B expriment des IgM (pendant les 20 jours après infection), puis surtout des IgG1.
Les résultats de cette étude suggèrent que la diminution des titres d’anticorps chez les patients convalescents n’est pas due à une perte d’immunité mais à une contraction de la réponse immune, avec induction d’une immunité durable. De plus, l’analyse des cellule B mémoire circulantes pourrait être un moyen d’évaluer la réponse à long terme de la vaccination.
Bien que ces résultats soient encourageants, le rôle de ces cellules B mémoire dans la prévention d’une réinfection doit être confirmé par d’autres études, d’autant plus qu’on ne sait que peu de choses sur la capacité fonctionnelle des réponses humorale et cellulaire à éradiquer le virus au niveau des sites initiaux de l’infection virale : l’oropharynx et les poumons.
Cinzia Nobile, La Revue du Praticien