Recensant un certain nombre d’études qui évaluent la capacité des chiens renifleurs entraînés à reconnaître une odeur spécifique du Covid-19 chez les humains, les Académies nationales de médecine et vétérinaire exhortent les autorités sanitaires à compléter l’évaluation scientifique et le développement de cet éventuel nouveau test afin de le mettre en œuvre dans les meilleurs délais.

 

Alors que les indicateurs signalent une recrudescence de l’épidémie, les laboratoires peinent à répondre à l’afflux croissant de patients souhaitant se faire dépister par RT-PCR, la longueur des délais étant l’obstacle le plus important à l’efficacité de la stratégie, comme l’avait déjà signalé l’Académie de médecine début août. D’où l’importance de développer d’autres techniques de dépistage plus simples et non invasives, sensibles et spécifiques, à même d’alléger le fardeau pour les laboratoires de biologie médicale. Les tests olfactifs obtenus avec des chiens entraînés semblent en l’occurrence avoir des résultats prometteurs…

Une étude de l’université vétérinaire de Hanovre, réalisée avec 7 chiens sur plus de 10 000 échantillons salivaires et trachéobronchiques a conclu à une sensibilité de 82,6 % et une spécificité de 96,3 %. Des résultats similaires ont été obtenus par l’école vétérinaire d’Alfort, dont l’analyse utilisait 369 échantillons de sueur axillaire testés sur 8 chiens : la moitié étaient efficaces à 100 %, les 4 autres l’étaient à 83 %, 84 %, 90 % et 94 %.

Les facultés des chiens renifleurs, outre leurs fonctions dans la détection d’explosifs et de drogues et dans la recherche de personnes ensevelies en cas de catastrophe, sont déjà utilisées pour détecter des affections humaines (cancers, paludisme, infection à Clostridium difficile, maladie de Parkinson, etc.) et animales (pestivirose bovine, gale). Cette capacité de détection repose sur la reconnaissance d’une odeur spécifique correspondant à un ensemble de composés organiques volatils spécifiques ou d’autres substances métaboliques produites par l’organisme malade, appelé volatilome ou VOC (volatile organic compounds). Présent dans la circulation sanguine, le volatilome peut être excrété dans l’air expiré, l’urine, la salive, les fèces, le lait et la sueur, et peut être identifié par les chiens après un entraînement de deux à trois semaines.

Dans certains cas, cette technique se serait même avérée plus efficace que la RT-PCR dans la détection d’une infection à SARS-CoV-2 : des études menées au Liban et aux Émirats arabes unis font état de cas pré-symptomatiques, d’abord négatifs en RT-PCR, correctement identifiés par les chiens avant l’apparition des symptômes et la positivité du test PCR (avec globalement une sensibilité de 92 à 98 %).

En France, le projet Covidog (Fondation de l’université de Strasbourg, hôpitaux universitaires de Strasbourg) utilise des cultures cellulaires issues de prélèvements de patients Covid-19, qui permettent ensuite d’identifier une odeur spécifique avec des « éponges à odeurs » (tubes en polymère absorbant ou masques chirurgicaux adaptés à la capture de VOC respiratoires) : une détection à partir de groupes (aéroport, train, rassemblements divers, etc.) ou à l’échelon individuel peut ainsi être envisagée.

Des études encourageantes, que les deux académies recommandent d’approfondir, pour préciser la performance analytique de cette technique, identifier dans le volatilome les molécules spécifiques su Covid-19, et garantir la sécurisation des échantillons à analyser, tant pour les chiens que pour le personnel…

Pour en savoir plus

Test olfactif de dépistage de la Covid-19 utilisant des chiens entraînés, communiqué de l’Académie nationale de médecine et de l’Académie vétérinaire de France, 28 août 2020.

L.M.A., La Revue du Praticien