La mise en place d’un couvre-feu étendu depuis le 2 janvier (18h à 6h dans certains départements très touchés par la diffusion du SARS-CoV-2, contre 20h à 6h pour le reste du pays depuis le 15 décembre) a ravivé les interrogations sur l’efficacité de cette mesure. Critiquée pour son insuffisance, peut-elle cependant contribuer à atténuer la circulation virale ?

 

Selon une étude parue dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire n°38, le couvre-feu instauré en octobre, avant que ne soit définitivement décrété le deuxième confinement, a bien été lié à une évolution favorable de l’incidence des cas confirmés et des admissions à l’hôpital. Cette analyse descriptive a fait état d’une importante diminution des indicateurs de surveillance, observée 7 à 10 jours après la mise en place de la mesure, et de manière plus précoce dans les métropoles où elle a été instaurée initialement.

Dans les métropoles où le couvre-feu a commencé le 17 octobre, le pic du taux d’incidence a été atteint le 27 octobre, alors que dans celles où le couvre-feu a débuté le 24 octobre (et dans celles où il n’y en a pas eu du tout), l’augmentation s’est atténuée à partir de la fin du mois d’octobre, et le pic a été atteint les premiers jours de novembre (v. figure). Les taux d’admission à l’hôpital ont suivi une tendance similaire, décalée de quelques jours.

Figure

Si cette relation temporelle suggère un effet positif des mesures instaurées (couvre-feu, mais aussi communication intense des pouvoir publics), d’autres facteurs ont pu contribuer à cette évolution positive – notamment, les vacances scolaires du 17 octobre au 1er novembre ! La diminution des interactions sociales qui lui sont liées ont en effet déjà été corrélées, dans d’autres études, à une moindre incidence d’infections respiratoires.

La poursuite de l’analyse des tendances épidémiologiques des prochaines semaines est donc cruciale pour clarifier le rôle spécifique de ces mesures, soulignent les chercheurs. En particulier, une approche analytique faisant appel à des modèles de séries chronologiques et géographiques serait intéressante afin de prendre en compte les autres facteurs (vacances, activités de dépistage et de recherche des contacts, respect des mesures, facteurs météorologiques, voire facteurs sociaux, etc.) qui ont pu influencer la dynamique de l’épidémie.

Pour en savoir plus

Larrieu S, Spaccaferri G, Pouey J, et al. Évaluation précoce de l’impact des mesures de freinage mises en place pour contrôler la deuxième vague de Covid-19 dans 22 métropoles françaises, octobre-novembre 2020. BEH n° 38, 18 décembre 2020.

 

L.M.A., La Revue du Praticien

Source figure : Larrieu S et al. BEH n° 38 (18 décembre 2020). Santé publique France.