De nombreuses études, dont une publiée le 6 janvier 2021 dans Science, ont montré que le SARS-CoV-2 induit des réponses immunologiques (anticorps neutralisants mais aussi lymphocytes mémoires) dans la majorité des patients. Mais cette réponse immune peut-elle protéger le patient d’une deuxième infection ? Si oui, pendant combien de temps ? Peut-elle prévenir une réinfection symptomatique ou réduire sa gravité ? Les réponses à ces questions sont essentielles pour faire face à la pandémie et orienter les stratégies de vaccination…
Cette étude, menée en Grande-Bretagne entre avril et novembre 2019, a inclus l’ensemble du personnel de santé de quatre hôpitaux – soit un total de 12 541 individus. Les participants, qu’ils aient eu ou non des symptômes évocateurs de la Covid, ont été testés au début de l’épidémie pour rechercher des anticorps IgG contre la protéine de surface Spike du virus (avec des tests sérologiques).
Parmi les soignants recrutés, 11 364 avaient une sérologie négative et 1 265 une sérologie positive, témoignant d’une infection ancienne par le SARS-CoV-2 (taux d’infection de 9,4 %).
68 % des personnes ayant une sérologie positive avaient eu des symptômes évocateurs de la Covid, mais l’infection avait été confirmée par une PCR dans seulement 37 % des cas.
Des résultats similaires ont été obtenus en recherchent des anticorps contre la protéine de la nucléocapside du virus. L’âge médian des participants était de 38 ans.
Par la suite, une surveillance par tests virologiques (PCR) a été proposée à l’ensemble du personnel, indépendamment du résultat de la sérologie.
Les auteurs montrent que, durant une période de 31 semaines (entre avril et novembre 2019) :
– dans le groupe à sérologie négative : 223 patients ont eu une PCR positive. Parmi ceux-ci, 100 avaient eu de symptômes et 123 étaient asymptomatiques ;
– dans le groupe à sérologie positive, seulement 2 cas positifs étaient décelés. Dans ces deux cas, les patients étaient asymptomatiques. Ainsi, aucune infection symptomatique n’a été retrouvée chez les patients ayant déjà « rencontré » le virus.
Cette étude montre donc l’existence, sur une durée de 6 mois, d’une immunité post-infectieuse associée à un risque fortement réduit de réinfection par le SARS-CoV-2, impliquant les anticorps anti-spike et/ou ceux contre la protéine de nucléocapside.
Cette étude a cependant quelques limites. En première lieu, elle est relativement courte : un suivi à plus long terme de cette cohorte a été mis en place pour étudier la durée de protection au-delà de 31 semaines.
De plus, elle repose principalement sur des soignants adultes en bonne santé âgés de moins de 65 ans. Des travaux supplémentaires sont donc nécessaires pour évaluer l’immunité post-infection au sein d’autres populations, y compris les enfants, les personnes âgées ou immunodéprimées.
Enfin, cet essai a été mené entre la première et deuxième vague épidémique en Angleterre, lorsque le nouveau variant du virus ne circulait pas de façon majoritaire. Sera-t-il responsable d’une augmentation des réinfections ?
Cinzia Nobile, La Revue du Praticien