Selon l’OMS, des cas de Covid-19 issus d’une infection par des variantes du SARS-CoV-2 associées aux visons sont rapportés au Danemark depuis juin 2020, et à ce jour cinq autres pays (l’Espagne, l’Italie, la Suède, les Pays-Bas et les États-Unis) ont signalé des cas d’infections par le nouveau coronavirus dans les élevages de visons. Mais des 214 cas danois recensés, 12 cas identifiés en septembre dans le Jutland du Nord chez des personnes âgées de 7 à 79 ans avaient une unique variante dont la combinaison de mutations n’avait pas été observée auparavant et qui a fait craindre une moindre sensibilité du virus aux anticorps neutralisants.
Bien que chez les sujets de ce « cluster 5 » les tableaux cliniques n’aient pas différé de ceux observés chez les personnes infectées par les autres souches circulant actuellement, et que ces mutations n’impliquent pas nécessairement une plus ample transmission ni une plus grande sévérité de la maladie, l’OMS a souligné l’importance de les analyser plus en détail pour mieux comprendre leurs conséquences en termes diagnostiques, thérapeutiques et en particulier pour le développement des vaccins. Au 5 novembre, la Danemark avait déjà partagé 500 séquences génétiques sur des bases de données internationales en libre accès dans ce but, une quantité qui devrait augmenter dans les prochains jours.
Les deux mutations concernaient en effet le gène codant la protéine de spicule S1 du SARS-CoV-2, conférant au virus un avantage pour franchir la barrière inter-espèces, comme l’ont souligné l’Académie nationale de médecine et l’Académie vétérinaire de France. Or c’est cette protéine que beaucoup de candidats-vaccins ciblent, cherchant à produire une réponse humorale neutralisant son action. Puisque ces variantes ont montré une moindre sensibilité aux anticorps des sujets infectés par le SARS-CoV-2, le risque que cela puisse compromettre l’efficacité des futurs vaccins a amené le gouvernement danois à abattre ses visons pour éviter la constitution de réservoirs de ces variantes potentiellement résistantes.
Si selon certains épidémiologistes et virologues il est peu probable qu’une seule mutation compromette à elle seule un futur vaccin contre le SARS-CoV-2, la mesure préventive du gouvernement danois – associée à d’autres mesures pour les habitants de la région concernée (restrictions de mouvement, dépistage massif) – a été saluée par les Académies nationales de médecine et vétérinaire en France, ainsi que par l’OMS, dont le groupe de travail « SARS-CoV-2 Virus Evolution » collabore avec les scientifiques danois pour étudier ces mutations.
Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien
Pour en savoir plus
OMS. SARS-CoV-2 mink-associated variant strain – Denmark. 6 novembre 2020.
Académie nationale de médecine et académie vétérinaire de France. Mutation du virus SARS-CoV-2 chez les visons danois et mesures. 5 novembre 2020.
Branswell H. Spread of mutated coronavirus in Danish mink ‘hits all the scary buttons,’ but fears may be overblown. Stat, 5 novembre 2020.