L’exposition aux pollens est connue pour augmenter la sensibilité à certaines infections virales respiratoires, quel que soit le statut allergique des individus. Cela pourrait-il être également le cas pour la Covid-19 ? Une équipe internationale de chercheurs a tenté de répondre à cette question en étudiant les relations entre les taux d’infection par le SARS-CoV-2 et les concentrations de pollen dans 130 sites de 31 pays…

 

Selon les résultats, qui viennent d’être publiés dans la revue PNAS, sous certaines conditions météorologiques, l’exposition aux pollens pourrait expliquer jusqu’à 44 % des variations dans les taux d’infection entre les différents sites. L’analyse porte sur des données recueillies pendant la première vague de l’épidémie, principalement dans des pays de l’hémisphère Nord, surtout en Europe (où cette vague a coïncidé avec des concentrations élevées de pollen dans l’air pendant le printemps), mais aussi dans certains pays de l’hémisphère Sud (Australie, Argentine, Afrique du Sud). Des facteurs météorologiques et sociodémographiques sont pris en compte : humidité, température, densité de la population, effets des différents types de confinement (mixte, complet, ou absence de confinement). 

Conclusion : la coexposition au SARS-CoV-2 et à de fortes concentrations ambiantes de pollen peut, sous des conditions « favorables » (humidité, température), augmenter les taux d’infection. En effet, contrôlant pour des facteurs météorologiques et sociodémographiques, il est apparu que les taux d’infection augmentaient à la suite d’un épisode de forte concentration de pollen : l’analyse transversale des données suggère une corrélation positive robuste entre la date de début de la phase exponentielle des infections et les concentrations de pollen, habituellement avec un écart de 4 jours. L’analyse longitudinale a, quant à elle, trouvé par exemple qu’en l’absence de confinement une augmentation de la concentration de 100 pollens/mentraînait une hausse de 4 % des infections.

Une corrélation positive qui serait cohérente avec ce qui est observé pour d’autres infections virales respiratoires : l’exposition aux pollens peut affaiblir l’immunité contre celles-ci en diminuant la réponse antivirale des interférons dans l’épithélium nasal (or le SARS-CoV-2 est également sensible aux interférons). De plus, certains types de pollen favorisent la production de certaines cytokines, comme les interleukines 1, qui sont aussi impliquées dans la Covid-19. 

Bien que l’ampleur réelle des effets des pollens sur les infections par le SARS-CoV-2 ne soit pas claire à ce stade (étant donné, en particulier, que l’ensemble du pic de pollen printanier de l’hémisphère Nord n’a pas été pris en compte dans l’étude, la collection de données n’allant que jusqu’en avril), l’idée que l’exposition aux pollens peut être un facteur modulateur de ces infections devrait encourager des mesures de précaution supplémentaires, notamment le port de masques filtrants à particuleslorsque les concentrations de pollen augmentent. Une recommandation à ne pas négliger, à l’approche d’une nouvelle période printanière… 

L.M.A., La Revue du Praticien