L’analyse des données de 7 230 adultes hospitalisés pour Covid dans différents hôpitaux de l’AP-HP lors de la première vague épidémique (entre le 24 janvier et le 1er avril 2020). Elle a montré que les 345 patients (4,8 %) ayant reçu un traitement antidépresseur dans les 48 heures suivant leur admission (dose médiane de 21,6 mg/jour en équivalent de fluoxétine) avaient un risque d’intubation ou de décès diminué par rapport aux patients qui n’avaient pas pris ces traitements – une réduction comprise entre 42 % et 78 % selon la molécule. Et ce indépendamment des caractéristiques du patient, des marqueurs cliniques et biologiques de la sévérité de la maladie et de la prise d’autres médicaments psychotropes.
Une piste d’explication possible : l’effet inhibiteur de ces classes pharmaceutiques sur l’activité de la sphingomyélinase acide (une enzyme qui semble influencer la pénétration du SARS-CoV-2 dans les cellules épithéliales) selon des analyses in vitro. Une méta-analyse récente a aussi montré que les ISRS peuvent être associés à une diminution des niveaux plasmatiques de certains médiateurs inflammatoires (cytokines et chimiokines dont l’interleukine 10 et la CCL-2, mais aussi le TNF-α) associés à la gravité de la Covid-19.
Un essai clinique américain, randomisé contre placebo, publié dans le JAMA en novembre 2020, vient à l’appui de cette hypothèse d’un effet bénéfique de certains antidépresseurs – en l’occurrence la fluvoxamine (un ISRS) – sur le pronostic des patients atteints de Covid-19. Il a inclus 152 adultes suivi pour une Covid symptomatique en ambulatoire, dont 80 avaient reçu 100 mg de fluvoxamine 3 fois/jour pendant 15 jours et chez qui aucune détérioration n’avait été observée (contre 8 % des patients du bras placebo dont l’état s’est aggravé). Dans ce cas, l’effet bénéfique pourrait s’expliquer par l’action de cette molécule sur les récepteurs σ-1 qui régulent la production de cytokines, prévenant ainsi l’orage cytokinique.
Des résultats qui doivent cependant être confirmés par des essais randomisés de plus grande envergure…
L.M.A., La Revue du Praticien