Les composés organiques volatiles associés à la Covid-19, qui ont déjà attiré l’attention des chercheurs, notamment pour leur détection à des fins diagnostiques par des chiens renifleurs, reviennent sur le devant de la scène grâce à une étude française récemment publiée dans le journal EBioMedecine. Elle a été réalisée par les équipes de recherche de l’hôpital Foch et de l’hôpital Raymond-Poincaré (AP-HP), associées aux équipes du Commissariat à l’énergie atomique, de l’Inserm, de l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et de l’université Paris-Saclay.

 

Grâce à des analyses quotidiennes via un spectromètre de masse de l’air expiré par 40 patients hospitalisés pour un syndrome de détresse respiratoire aiguë nécessitant une ventilation mécanique invasive, les chercheurs ont réussi à déceler certains composés organiques volatiles caractéristiques de l’infection par le SARS-CoV-2. Parmi ces patients, 28 avaient été testés positifs pour la Covid, les autres constituant le groupe témoin ; l’air exhalé par ces participants a fait l’objet de plus de 300 mesures de fin mars à fin juin qui ont montré quatre composés volatiles pouvant différencier les deux groupes : le méthylpent-2-énal, le 2,4-octadiène, le 1-chloroheptane, et le nonanal seraient ainsi une « signature olfactive » de la Covid, permettant d’identifier avec une fiabilité de 93 % les patients atteints de cette maladie (sensibilité de 90 % et spécificité de 94 %). 

Les avantages d’un diagnostic par cette voie seraient multiples : à la différence des tests PCR ou antigéniques sur prélèvement nasopharyngé, la détection de cette empreinte olfactive est non invasive ; elle est aussi plus rapide que la PCR, et plusieurs techniques peuvent être mises en œuvre, tels des « nez électroniques » (dispositifs portables munis de capteurs qui réagissent aux composés volatiles) ou l’olfaction animale déjà mentionnée. 

L’efficacité de cette technique reste cependant à confirmer chez des patients ayant des formes non sévères ou asymptomatiques de la Covid, car elle n’a concerné dans cette étude que des patients en réanimation. Elle pourrait alors être un outil précieux de diagnostic précoce et rapide, voire de détection à grande échelle, des infections par le nouveau coronavirus. À suivre… 

Pour en savoir plus

Grassin-Delyle S, Roquencourt C, Moine P, et al. Metabolomics of exhaled breath in critically ill COVID-19 patients: A pilot study. EBioMedecine 2021;63:103154.

Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien