Depuis de nombreuses années en France, le débat éthique relatif à la fin de vie se cristallise autour d’une opposition entre partisans du respect de la vie et défenseurs de l’euthanasie. Dans les faits cependant, c’est une voie intermédiaire qui tend à des­siner ses contours à l’échelle internationale : la dépénalisation du suicide assisté. On peut mettre au crédit de cette « troisième voie » le fait qu’elle évite la transgression de l’interdit de tuer puisque c’est le patient qui s’administre lui-même un produit létal. Il n’en demeure pas moins que le médecin continue à porter une lourde responsabilité. En tant que prescripteur, il lui incombe de poser le diagnostic et d’établir la recevabilité de la demande de suicide. Il en résulte un cas de conscience, qui appelle une ré­flexion philosophique de fond sur les causes du suicide et la légitimité pour un tiers d’y apporter son concours.

Pr Pierre Le Coz, professeur de philosophie à la faculté de médecine, Aix-Marseille Université, Laboratoire UMR ADES 7268-EFS-CNRS, Marseille, France

8 mars 2022