Et si l’outil appelé à révolutionner le diagnostic du cancer était… la fourmi ? Des chercheurs ont réussi à conditionner des fourmis afin de différencier par l’odeur les cellules saines des cellules cancéreuses. Une méthode qui pourrait s’avérer bien plus efficace que la détection des cancers par les chiens, restée confidentielle car l’entraînement requis est long et coûteux.
Partant du constat que les cellules cancéreuses, au métabolisme déréglé, émettent des substances odorantes capables d’être perçues de manière précoce par des animaux à l’odorat très fin comme les chiens, les chercheurs de cette étude publiée le 28 février dans iScience ont cherché à déterminer si des fourmis étaient capables de faire preuve de la même capacité à différencier cellules normales et cellules cancéreuses. L’avantage de la fourmi sur le chien ? Bon marché et facilement trouvée en grande quantité ; leur conditionnement est rapide (30 minutes) et facile à apprendre : d’après les scientifiques, il nécessite seulement 3 jours de formation et aucun personnel spécialisé.
Dans leur expérience, les chercheurs ont conditionné 36 fourmis durant 3 essais. Dans chaque essai, une fourmi était placée dans une arène circulaire en verre de 12 cm de diamètre, dont le sol était recouvert de papier filtre, enduit de 2 gouttes d’eau : une goutte d’eau sucrée entourée de petits trous dans le filtre laissant passer l’odeur d’un tube situé en-dessous du filtre et contenant le liquide surnageant issu de la centrifugation de cellules d’un cancer du sein de type luminal A ; et une goutte d’eau nature associée à l’odeur de cellules saines du sein. Après chaque essai, le papier filtre ainsi que les positions relatives des gouttes dans l’arène étaient changés. Résultat : en 3 tests, les fourmis ont mis presque 2 fois moins de temps à trouver la goutte sucrée, parce qu’elles l’ont associée à l’odeur des cellules cancéreuses. Une association confirmée par la constance de leur rapidité à se diriger vers la goutte associée à l’odeur des cellules cancéreuses, lors d’un test de mémoire où il ne s’agissait que d’une simple goutte d’eau. Mieux : les fourmis ont même été capables de discriminer un cancer du sein triple négatif d’un cancer du sein de type luminal A ! Les chercheurs l’expliquent par le fait que ces maladies sont associées à des composés organiques volatiles différents.
Piqueret B, Bourachot B, Leroy C, et al. Ants detect cancer cells through volatile organic compounds. iScience 21 février 2022.