Cette patiente ivoirienne de 27 ans, sans notion de vaccination antituberculeuse, a consulté pour des lésions cutanées évoluant depuis quatre ans, avec des signes d’imprégnation tuberculeuse. L’examen a révélé deux gommes, la première au stade de fistulisation ulcérée, au niveau de la partie latérale droite du dos (fig. 1), et la seconde au stade de crudité, en sous-mammaire gauche (fig. 2), ainsi que des adénopathies inguinales. Le Quantiféron et l’intradermoréaction (IDR) à la tuberculine (17 mm) étaient positifs, mais la recherche de bacille de Koch (BK) dans les expectorations négative. La tomodensitométrie a objectivé des adénomégalies axillaires et médiastinales et deux processus lésionnels des côtes, avec extension endothoracique, périhépatique supérieure et aux parties molles dorsales. La biopsie cutanée a montré des infiltrats granulomateux profonds composés de lymphocytes, de plasmocytes et d’histiocytes dermohypodermiques. Le diagnostic de gommes tuberculeuses par dissémination à partir d’un foyer pulmonaire a été retenu, associées à une atteinte ostéo-articulaire et des parties molles. L’évolution a été favorable sous traitement antibacillaire, comportant ERIP-K4 (isoniazide, rifampicine, pyrazinamide et éthambutol) 3 cp/j lors de la phase intensive.

Les gommes tuberculeuses sont une forme clinique particulière de tuber­culose cutanée1, due à la dissémination hématogène de Mycobacterium tuber­culosis. Elles occupent la deuxième place des formes de tuberculose cutanée en Afrique2, contrairement à ce qui est rapporté en Europe, où les gommes sont rares. Cliniquement, elles se présentent sous forme de nodules hypodermiques, qui se liquéfient et fistulisent à la peau et/ou aux muqueuses.3 L’IDR à la tuberculine et le Quantiféron sont souvent positifs. Histologiquement, la présence de granulomes tuberculoïdes en marge d’une réaction inflammatoire nécrotique, la culture et les colorations de Ziehl-Neelsen et de Fite-Faraco confirment le diagnostic. Enfin, la durée du traitement des gommes tuberculeuses est conditionnée par le foyer d’origine.

Références

1. Abdou A, Ouidane Y, Mael Ainine M, Benzekri L, Senouci M, Ait Ourhroui M et al. Tuberculose cutanée : étude épidemioclinique de 193 cas au service de dermatologie Ibn-Sina de Rabat. Annales de Dermatologie et de Vénéréologie 2011;138:A231-2.
2. Dicko A, Faye O, Fofana Y, Soumoutera M, Berthé S, Touré S, et al. Tuberculose cutanée à Bamako, Mali. Pan Afr Med J 2017;27:102.
3. Niang SO, Kane A, Sy TN, Diallo M, Dieng MT, B Ndiaye. Scrofuloderma in Dakar: 128 cases. Ann Dermatol Venereol 2008;135:230.

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