Santé publique France nous apprenait il y a peu que près de 11 % des Français déclaraient une augmentation de leur consommation d'alcool depuis le confinement, en particulier chez les moins de 50 ans, les urbains vivant dans des villes de plus de 100 000 habitants et les parents d’enfants de moins de 16 ans.
Dès lors, faut-il s’attendre à ce que ce mois de janvier 2021 soit propice au défi de l’abstinence ? En tout cas, plusieurs études observationnelles ont montré des effets bénéfiques 6 mois après une telle expérience : consommation moins fréquente, avec un volume moindre, augmentation de la confiance en sa capacité à résister à l’envie de boire. Chez les gros buveurs, un mois d’abstinence coïncidait avec l’amélioration de certains paramètres clinico-biologiques tels que l’insulino-résistance, la pression artérielle et l’indice de masse corporelle.
Toutefois, ces études ont des faiblesses méthodologiques. En dehors de ces nuances propres aux études longitudinales (échantillons de personnes suivies auto-sélectionnées – ce sont les volontaires ayant participé au défi –, absence de randomisation, de groupe contrôle ou comparatif, données de suivi manquantes, etc.), la problématique réside dans l’appréciation subjective de l’abstinence. Il s’agit presque toujours de données déclaratives : on demande aux sujets de remplir un questionnaire.
Dans quelques années, peut-être pourrons-nous évaluer plus précisément l’effet du « Dry January ». En effet, une étude pilote réalisée par une équipe de chercheurs anglo-saxons vient de montrer qu’une évaluation rigoureuse par un essai randomisé est possible. Une étude comparative avec des groupes différenciés par le hasard qui montrerait un effet positif ouvrirait des perspectives intéressantes : soutien institutionnel plus important, campagnes de promotion améliorées…
Par ailleurs, au-delà de l’alcool, cette problématique de l’évaluation d’impact est partagée par toutes les interventions de santé relevant de la prévention et promotion de la santé. Lorsqu’on décide de mettre en place une intervention de santé publique, il semble logique qu’elle soit évaluée, afin de d’apprécier, éventuellement, son efficacité et ses axes d’amélioration. Pourtant, cette évidence est rarement mise en pratique. Alors, à quand l’évaluation du mois d’abstinence chez les Français ?
Justine Diehl, La Revue du Praticien
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