Troubles anxiodépressifs, problèmes scolaires ou de comportement peuvent présider à la découverte d’un haut potentiel intellectuel chez certains enfants… Mais cette relation n’est pas systématique ! Tous les enfants à haut potentiel ne subissent pas ces difficultés – et, à l’inverse, tous les enfants en difficulté ne sont pas à haut potentiel. Quelles évaluations réaliser ? Comment aider au développement de ce potentiel ?

 

Ces enfants en difficulté psychologique, avec des signes évoquant d’un haut potentiel (intellectuel, créatif, social, physique, etc.), peuvent être adressés au Centre national d’aide aux enfants à haut potentiel (CNAHP), dont la mission est triple (évaluation, prise en charge thérapeutique et formation et recherche).

Le bilan qui y est réalisé est multidimensionnel : il porte sur son fonctionnement cognitif (test d’intelligence, de créativité et évaluation des capacités attentionnelles), ses difficultés psychoaffectives et comportementales (anxiété, dépression, estime de soi, comportements d’hyperactivité), scolaires (entretien avec un enseignant travaillant au CNAHP avec évaluation de l’investissement scolaire), et inclut d’autres évaluations, comme celles portant sur l’image du corps (dessin du bonhomme et figure de Rey).

Les profils psychologiques sont en effet multiples, à l’image des diverses expressions du haut potentiel : comprendre ces différences est essentiel, pour éviter d’enfermer l’enfant dans une représentation standardisée – trop souvent véhiculée par la littérature grand public – dont les effets peuvent être délétères à long terme. C’est pourquoi certains professionnels soutiennent que le dépistage et l’identification systématique n’ont pas lieu d’être, car elles renforceraient la construction d’une identité de « surdoué ». D’autres, à l’inverse, considèrent que ce dépistage systématique peut être utile pour mettre en place une prévention efficace des possibles problèmes associés…

Quoi qu’il en soit, ces échelles du fonctionnement cognitif ne mesurent pas directement le potentiel réel d’une personne (qui, comme son nom l’indique, peut s’exprimer ou au contraire être inhibé), mais seulement son expression, ses fruits, c’est-à-dire les compétences observées. Or celles-ci dépendent aussi des facteurs d’environnement et de la motivation de l’enfant. D’où l’importance de replacer le sujet dans son contexte pour un bon déroulement du projet thérapeutique !

Ce faisant, on peut mieux comprendre les difficultés de l’enfant, l’aider et faciliter l’expression de son haut potentiel à partir d’une levée des inhibitions, en influant des facteurs environnementaux tels que la motivation et l’effort (stimulés à partir de représentations de la réussite dans son entourage et procurant à l’enfant un niveau adapté de défi), l’enrichissement du milieu familial, scolaire et sociétal (livres, musique, immersion dans des milieux différents, etc.) et le soutien affectif, psychologique, voire financier. 

Ne pas oublier, en outre, le travail sur les liens : tant ceux existant entre l’intellect et le corps, pour assurer leur cohésion et éviter ainsi des problèmes de régulation des émotions, que ceux entre l’enfant et les autres, pour prévenir les troubles relationnels. Enfin, tisser des liens entre les différentes institutions et professionnels impliqués dans la prise en charge améliore la communication entre les environnements familial, scolaire et sociétal de l’enfant.

D’après : Tordjman S. Les enfants à haut potentiel en difficulté. Rev Prat Med Gen 2020;34:710-1.