Or, contrairement à ce qu’on pourrait croire, le travail en milieu clinique pendant l’épidémie ne serait pas un facteur de risque d’anxiété chez les étudiants en médecine, selon une enquête menée chez 1 180 étudiants de la faculté de médecine de Strasbourg (de la 2e à la 6 année), dont 481 se sont portés volontaires dans 11 hôpitaux alsaciens – région la plus précocement touchée par la crise sanitaire.
Les résultats de cette étude montrent que les étudiants mobilisés en milieu clinique étaient moins anxieux que ceux qui sont restés chez eux, ce qui suggère que le fait de s’être portés volontaires jouait, sur le plan psychologique, comme une stratégie active d’adaptation (de coping). En effet, il est apparu que la source majeure d’anxiété des étudiants était liée au fait de devoir rester chez eux.
Cette analyse fait partie d’une plus vaste enquête menée depuis 2018 par le Centre de formation et de recherche en pédagogie des sciences de la santé (faculté de médecine de Strasbourg) et l’Unité de recherche en éducation médicale (université de Genève, Suisse) : elle a ainsi pu montrer que les taux d’anxiété ont certes connu une augmentation entre 2018 et 2020, de 7 à 14 % selon le niveau déclaré (anxiété élevée ou grave, respectivement), mais cette hausse était similaire à celle mesurée dans la population générale en temps de Covid.
Par ailleurs, les niveaux d’anxiété déclarés étaient le plus souvent non pathologiques (c’est-à-dire faible à modéré) quel que soit le lieu d’affectation, y compris lorsque les étudiants avaient travaillé « au front », dans des services hospitaliers de première ligne (SAMU, services d’urgence, réanimation), soit plus de la moitié des près de 500 étudiants qui se sont portés volontaires. Des résultats semblables ont été retrouvés auprès des étudiants de la faculté de médecine de Genève.
Si cette étude montre que l’une des conséquences psychologiques possibles liées à la pandémie et au travail des soignants dans ce contexte, laissant de côté des problèmes tels que le dépression et le suicide, elle suggère que, sur le plan de l’anxiété, il n’est pas légitime de s’opposer à la mobilisation des étudiants en médecine en milieu clinique pendant de telles crises, y compris dans les services de première ligne, dès lors qu’ils sont volontaires et que leur protection contre le risque infectieux peut être assurée.
Université de Strasbourg. L’anxiété chez les étudiants en médecine pendant la crise sanitaire liée à la Covid-19. Communiqué de presse, 21 janvier 2020.
L.M.A., La Revue du Praticien