La Journée mondiale contre le cancer (4 février) a été l’occasion de rappeler que cette maladie est la première cause de mortalité en France. Parmi les types de cancer, dont certains (comme celui du sein ou de la prostate) ont vu leur taux de survie augmenter au cours des 40 dernières années, celui du cerveau demeure, lui, incurable : il est généralement résistant aux traitements et les rechutes sont fréquentes dans des délais relativement courts.
La tumeur cérébrale la plus agressive, le glioblastome (GBM) a une incidence de 3 cas pour 100 000 habitants, avec une survie médiane de 14,6 mois. Les traitements actuels reposent sur une chirurgie suivie d’une radiothérapie et d’une chimiothérapie concomitantes, mais la rechute du GBM est presque inévitable ; elle relève, dans la plupart des cas, de la population de cellules souches de glioblastome (CSG).
Dans ce type de cancers invasifs, le mode de communication des cellules est une piste prometteuse pour la recherche thérapeutique. Cette équipe de l’Institut Pasteur s’est concentrée, pour le GBM, sur un type de communication intercellulaireappelé « tunneling nanotubes » (TNT) :de fins canaux ouverts reliant des celluleséloignées et permettant une communication « longue distance » entre elles. Or la présence de TNT dans plusieurs cancers a été associée à un phénotype tumoral plus malin. Dans le cas du GBM plus précisément, une découverte récente a montré que ceux-ci formaient un réseau multicellulaire propageant des signaux électriques via des « tumor microtubes » (TM), des extensions cellulaires similaires aux TNT, et une corrélation a été établie entre l’étendue de ce réseau et l’importance de la résistance au traitement.
Cette étude publiée dans Biochemical Journal menée sur des cellules souches de glioblastome suggère que les TNT participent à la formation du réseau tumoral du GBM, servant au « transfert de cargaisons », notamment des mitochondries (les organites qui contrôlent la vie et la mort cellulaires), une capacité qui peut donc être à l’origine de poussées pro-tumorales. Les chercheurs ont, de plus, remarqué que la communication basée sur les TNT était très résistante à la radiothérapie. Or celle-ci peut être altérée par les médicaments… les TNT pourraient-ils devenir bientôt une piste thérapeutique dans les tumeurs du cerveau ?
Pour en savoir plus
Institut Pasteur. Glioblastome : les « tunneling nanotubes » comme nouvelle cible thérapeutique potentielle. 2 février 2021.
L.M.A., La Revue du Praticien