L’usage du glyphosate sera désormais restreint aux situations où cet herbicide n’est pas substituable à court terme. C’est la conclusion de l’évaluation des alternatives non chimiques, lancée en 2018 par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dans le contexte du plan gouvernemental de sortie du glyphosate, dont les résultats ont été rendus publics le 9 octobre 2020.

 

Portant sur les quatre principaux domaines d’utilisation de ce désherbant (viticulture ; arboriculture fruitière ; grandes cultures d’oléagineux, protéagineux ou cultures industrielles ; sylviculture), l’évaluation avait pour but d’identifier les inconvénients pratiques ou économiques des alternatives à ce pesticide, pour déterminer les situations d’impasse où celui-ci ne peut être remplacé et celles où, au contraire, il peut être interdit.

La pratique du désherbage mécanique est notamment évoquée, et d’ailleurs déjà pratiquée, entre les rangs de vigne et d’arbres fruitiers. Le glyphosate sera donc exclu dans ces situations, sauf en cas de contrainte technique qui empêcherait le passage d’outils (terrains caillouteux ou en forte pente, par exemple), ou quand il est impossible de trouver à court terme sur le marché français des machines permettant le désherbage sous le rang.

Pour les grandes cultures, le labour entre deux cycles permet de se passer de désherbants chimiques, qui seront donc interdits dans ces situations aussi, sauf cas particulier, et ne restent autorisés par ailleurs que dans les situations de luttes obligatoires réglementaires. En ce qui concerne la forêt, d’autres méthodes devront être employées pour la dévitalisation des souches, et l’usage du glyphosate ne sera possible qu’en période d’installation du peuplement, et dans les pépinières forestières et les vergers utilisés pour produire les graines pour le reboisement.

Des restrictions sur les doses annuelles maximales s’appliqueront également, qui représentent des réductions d’entre 60 et 80 % par rapport aux doses maximales actuellement autorisées : en viticulture, 450 g/ha, avec des applications limitées à 20 % de la surface de la parcelle (réduction de 80 %) ; en arboriculture fruitière, 900 g/ha et limitation à 40 % de la surface de la parcelle (réduction de 60 %) ; finalement, pour les grandes cultures, 1 080 g/ha/an (réduction de 60 %).

Ces limitations seront dorénavant prises en compte par l’Anses pour renouveler ou délivrer les autorisations de mise sur le marché (AMM) des produits à base de glyphosate. Quatre décisions de retrait ou de refus ont déjà été notifiées, et pour les produits dont l’AMM sera renouvelée, ces restrictions devront être appliquées dans un délai de 6 mois. 

Une bonne nouvelle qui contribuera à réduire dès 2021 les quantités de glyphosate utilisées en France…

Glyphosate : l’Anses publie les résultats de son évaluation comparative avec les alternatives non chimiques disponibles. 9 octobre 2020.

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Despert F. Perturbateurs endocriniens environnementaux : quels risques pour l’enfant ? Rev Prat 2020;70:434-9.

Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien