Un homme de 29 ans se plaint de douleurs anales permanentes d’apparition récente (depuis 2 jours). La douleur est non rythmée par la défécation et non insomniante. Il n’y a ni suintement ni fièvre. L’examen clinique montre une tuméfaction de la marge anale (fig. 1).

Une boule douloureuse
Les hémorroïdes sont des structures anatomiques normales. Irriguées par des branches des artères rectales supérieure et inférieure, elles sont constituées de capillaires et de shunts artérioveineux drainés dans les veines rectales supérieure (système porte), moyenne et inférieure (système cave). Les hémorroïdes externes sont localisées au niveau de la marge anale tandis que les internes sont endocanalaires, au-dessus de la ligne pectinée (fig. 2).
Elles se manifestent par des thromboses plus ou moins œdémateuses.
Leur survenue peut être favorisée par des troubles du transit, la prise d’épices ou d’alcool, la période menstruelle, la grossesse ou le post-partum. La douleur est le symptôme principal.
Le diagnostic est clinique : tuméfaction unique ou multiple, de composante thrombotique ± œdémateuse, située au niveau de la marge anale. Elle peut se nécroser, se manifestant alors par un saignement externe.
Les principaux diagnostics différentiels sont l’abcès de la marge, la thrombose hémorroïdaire interne prolabée à l’extérieur et la marisque (repli de peau périanale) ulcérée et œdématiée d’une maladie de Crohn.
La thrombose hémorroïdaire externe se résorbe spontanément mais laisse parfois une ou plusieurs marisques séquellaires.
Lorsque la douleur est invalidante, le traitement associe, pour une durée de 5 jours :
– AINS : kétoprofène à libération prolongée, Bi-Profenid LP : 100 mg, 1 comprimé matin et soir (avec inhibiteur de la pompe à protons si facteur de risque de complication ulcéreuse) ;
– antalgiques : paracétamol + codéine 500 mg/30 mg (2 comprimés 1 à 3 fois/j) ou chlorhydrate de tramadol 50 mg (1 comprimé 1 à 4 fois/j) ;
– topiques anesthésiques et/ou dermocorticoïdes : Diprosone crème ou Titanoréïne à la lidocaïne crème (1 application matin et soir) ;
– laxatifs : macrogol, Forlax (1 à 2 sachets/j si constipation).

Cette fiche est la première de la série « En 2021, parlons d’anus ». Retrouvez la série complète sur www.larevuedupraticien.fr, en allant sur ce lien : https://bit.ly/3qRyIMM

Pour en savoir plus

Jakubauskas M, Poskus T. Evaluation and Management of Hemorrhoids. Dis Colon Rectum 2020;63:420-4.
van Tol RR, Kleijnen J, Watson AJM, et al. European Society of ColoProctology: guideline for haemorrhoidal disease. Colorectal Dis 2020;22:650-2.

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