La pharmacovigilance renforcée menée par l’Ansm a rapporté, parmi les effets indésirables de la vaccination anti-Covid, des élévations tensionnelles simples, non graves et transitoires. Dans ce contexte, la Société française d’hypertension artérielle (SFHTA) a rappelé que cela ne doit pas mener à l’interruption des vaccinations, ni entraîner des prescriptions médicamenteuses injustifiées. 

 

Survenant aussi bien chez les sujets hypertendus que chez ceux sans antécédent d’hypertension, cet effet indésirable n’avait pas été observé dans les études cliniques. Depuis le début de la campagne, 73 cas d’hypertension artérielle dont 36 graves ont été déclarés. Pour l’instant, ces cas n’ont eu lieu qu’après les vaccinations avec Cominarty (vaccin de Pfizer-BioNTech). Si l’incidence est encore à préciser, le nombre de cas rapportés reste très faible (0,9 % de la totalité des effets indésirables observés) et proche du pourcentage des effets indésirables rapportés après vaccination antigrippale (0,5 %) dans VigiBase (base de données de pharmacovigilance de l’OMS, recensant les effets secondaires de plus de 100 pays dont la France). 

De plus, la SFHTA rappelle que, les données étant parcellaires, il est difficile dans l’immédiat de confirmer un lien de causalité entre l’injection du vaccin Cominarty et l’élévation tensionnelle : celle-ci peut être la conséquence d’une réaction adrénergique induite par la douleur ou par le stress ou l’anxiété (la communication anxiogène, relayée par les médias grand public, autour de la vaccination anti-Covid pourrait ainsi être un facteur).

Constatée chez des personnes symptomatiques après injection du vaccin, l’élévation tensionnelle s’est accompagnée le plus souvent de céphalées ou des symptômes pseudo-grippaux banals. Or, malgré leur caractère bénin et transitoire, ces effets secondaires ont été largement relayés par les médias, ce qui pourrait aboutir non seulement à une inquiétude illégitime, mais aussi à des prescriptions médicamenteuses non justifiées avant, pendant ou après la poussée tensionnelle, voire à une annulation de la deuxième dose du vaccin – avec, par conséquent, la perte de l’efficacité vaccinale.

Dans l’état actuel des connaissances, la SFHTA confirme donc l’intérêt de vacciner les patients hypertendus, en respectant le schéma à deux doses, pour les protéger le plus vite possible. Elle rappelle aussi que toute pathologie intercurrente peut modifier transitoirement la pression artérielle sans nécessité d’une intervention pharmacologique dans la très grande majorité des cas. Ainsi, l’incidence actuelle des poussées tensionnelles transitoires signalées ne semble pas devoir justifier une mesure systématique de la pression artérielle avant la vaccination ni le recours à un traitement pour couvrir le temps vaccinal.

L.M.A., La Revue du Praticien