Hydrochlorothiazide dans les calculs rénaux : game over

Le taux de récidive des calculs rénaux est élevé : de 15 % à 1 an, il atteint 50 % à 10 ans. En cas de lithiase oxalocalcique récidivante, un diurétique thiazidique – l’hydrochlorothiazide – est utilisé depuis longtemps (hors AMM). Le rationnel : réduire la quantité de calcium excrété par les urines. Toutefois, cette utilisation ne s’appuie pas sur des études suffisamment robustes.

Ainsi, des chercheurs suisses ont mené un essai randomisé en double aveugle évaluant l’efficacité de l’hydrochlorothiazide contre placebo : 416 patients adultes (âge moyen = 49 ans, 20 % de femmes) ayant vécu au moins deux épisodes de lithiases oxalocalciques dans les 10 dernières années ont été répartis en 4 groupes. En plus des recommandations diététiques, un groupe (n = 102) a reçu une fois par jour un placebo pendant 2 à 3 ans, tandis que les trois autres groupes ont reçu 3 doses d’hydrochlorothiazide : 12,5 mg/j (n = 105), 25 mg/j (n = 108) ou 50 mg/j (n = 101). Le critère de jugement principal était un indicateur composite associant signes symptomatiques et radiologiques de récurrence.

Les résultats ont été publiés début mars dans le NEJM. À l’issue d’un suivi médian de 2,9 ans après le début de l’expérience, un événement du critère d’évaluation principal indiquant une récurrence s’était produit chez 59 % des patients sous placebo, contre respectivement 59 %, 56 % et 49 % des patients dans les groupes traités par dose croissante d’hydrochlorothiazide. Il n’y avait donc pas de différence significative avec le placebo ni un effet-dose de l’hydrochlorothiazide sur le risque de récidive. Enfin, des événements indésirables notables étaient plus fréquents chez les patients traités : hypokaliémie, goutte, apparition de diabète de type 2, augmentation de la créatininémie plasmatique. Compte tenu de ces résultats, il est probable que les recos de prise en charge des lithiases urinaires calciques soient modifiées à l’avenir dans ce sens.