Albumine : 3 fonctions

Principale protéine plasmatique (60 %).
Concentration sérique normale : entre 35 et 45 g/L.
Synthétisée par le foie, puis répartie entre la circulation sanguine, l’interstitium et le milieu intracellulaire.
Demi-vie longue : 20 jours.1
Fonctions principales :
– maintien de la pression oncotique sanguine,
– transport plasmatique de diverses molécules endogènes (hormones liposolubles, bilirubine, calcium, acides gras, électrolytes, thyroxines, hormones stéroïdes) ou exogènes (aspirine, warfarine, pénicillines, digoxine, AINS) ;
– rôle antioxydant par liaison des radicaux libres ;
– inhibition des fonctions plaquettaires (antithrombotique) et régulation de la perméabilité vasculaire.2-4

Identifier mécanismes et causes

Mécanismes impliqués (parfois associés, tableau) :
– défaut de synthèse hépatique ;
– perte d’albumine ;
– augmentation du catabolisme protéique ;
– ou modification de la répartition entre les différents secteurs de l’organisme.2-4
Inflammation (toutes étiologies confondues) :
– en cause dans la majorité des cas ;
– responsable d’un défaut de synthèse et d’une augmentation du catabolisme protéique ;
– aiguë (traumatisme ou sepsis) ou chronique (néoplasies ou maladies inflammatoires2-4).
Connaître les principales orientations en contexte médical (figure).

Conséquences

Baisse de la pression oncotique : survenue d’œdèmes blancs, mous, prenant le godet ; parfois anasarque.
Augmentation de la fraction libre sérique des molécules habituellement transportées par l’albumine (calcium libre ionisé, médicaments) ; hypercoagulabilité, surtout dans le syndrome néphrotique, par perte d’autres protéines antithrombotiques telles que l’antithrombine III.
Facteur prédictif de morbidité et mortalité : chez les patients subissant une intervention chirurgicale ou atteints d’une affection aiguë (a fortiori si âgés), les risques de complications (infections, escarres), de retard de cicatrisation/consolidation et de décès sont proportionnels à l’hypoalbuminémie.
En contexte inflammatoire
– elle ne traduit pas tant une dénutrition que l’état inflammatoire sous-jacent (les perfusions d’albumine n’améliorent pas le pronostic d’un choc septique ou en période préopératoire) ;
– mais un support nutritionnel adapté (compléments nutritionnels oraux, alimentation entérale, voire parentérale) est nécessaire pour maintenir la synthèse d’albumine.

Quand mesurer l’albuminémie ?

Pour rechercher une insuffisance hépatique ou un syndrome néphrotique.

Pour explorer des œdèmes.

Pour évaluer l’état nutritionnel– en l’absence de syndrome inflammatoire ou de pathologie aiguë ou chronique : calcul de l’IMC, estimation de la variation du poids corporel, du diamètre du biceps ;– en contexte inflammatoire : le dosage de la préalbumine est plus fiable (normes : 0,2 à 0,4 g/L chez l’adulte ; 0,15 à 0,35 g/L chez l’enfant).

Devant un syndrome inflammatoire, accompagnée du dosage de la CRP, du fibrinogène, des polynucléaires neutrophiles.

Facteur prédictif : après chirurgie ou sepsis sévère ;Par ailleurs si baisse de l’albumine avec élévation de la bêta 2-microglobuline : élément pronostique du myélome (selon le score IPS, International pronostic score).

Références

1. Cosserat J, Gayraud M. Démarche diagnostique devant une hypoalbuminémie responsable d’un syndrome œdémateux. Médecine thérapeutique 1999;5:557-66.
2. Levitt DG, Levitt MD. Human serum albumin homeostasis: a new look at the roles of synthesis, catabolism, renal and gastrointestinal excretion, and the clinical value of serum albumin measurements. Int J Gen Med 2016;9:229-55.
3. Don BR, Kaysen G. Serum albumin: relationship to inflammation and nutrition. Semin Dial 2004;17:432-7.
4. Soeters PB, Wolfe RR, Shenkin A. Hypoalbuminemia: Pathogenesis and Clinical Significance. JPEN J Parenter Enteral Nutr 2019;43:181-93.

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essentiel

La concentration sérique normale de l’albumine est comprise entre 35 et 45 g/L

 

L’hypoalbuminémie traduit une insuffisance hépatocellulaire, une dénutrition ou une inflammation, quelle que soit sa cause.

Elle se manifeste souvent par un syndrome œdémateux (facteur pronostique péjoratif).