Après la baisse du nombre de dépistages des infections sexuellement transmissibles (IST) en France en 2020 en lien avec la pandémie de Covid et les mesures de restriction, depuis 2022 les IST bactériennes sont globalement en hausse, l’épidémie du VIH est encore active et le retard au diagnostic persiste, surtout pour les personnes éloignées du système de santé et les populations migrantes. Et ce malgré la mise en place de mesures préventives : promotion et facilitation de l’accès au dépistage, aux préservatifs, etc.
Lorsqu’on apprend que l’on est infecté par une IST, il est important d’informer son/ses partenaire(s). La « notification aux partenaires » est un outil de prévention majeur. Aujourd’hui, cette notification consiste, pour un professionnel qui annonce un diagnostic d’IST, à inciter le patient à informer son ou ses partenaires sexuels pour les conduire à se faire dépister et à bénéficier dans certains cas d’un traitement approprié, instauré de manière précoce. C’est une stratégie complémentaire au dépistage indiscriminé des IST qui vise à cibler une population à plus haut risque.
Cette pratique n’étant pas aujourd’hui appliquée de manière optimale, la HAS publie des recommandations pour l’améliorer. L’objectif est non seulement d’augmenter le nombre de personnes informées de leur exposition à une IST par leur partenaire, mais surtout de proposer des évolutions du cadre législatif en matière de secret professionnel, cadre qui limite les possibilités d’information des partenaires.
Encourager le patient à notifier son partenaire
Tout d’abord, il faut favoriser la notification dans le cadre réglementaire actuel, c’est-à-dire par le seul patient diagnostiqué, dit « patient index ». Ainsi, la HAS recommande qu’en consultation, la question du ou des partenaire(s) doit être systématiquement évoquée par le professionnel de santé à l’occasion d’un diagnostic d’IST.
Cette notification est à recommander pour les IST pouvant être soignées ou celles pour lesquelles un traitement peut limiter, voire annuler le risque de transmission, les complications graves liées à l’infection, ou son caractère chronique.
La notification doit être réalisée sans délai si le risque de transmission ou de conséquences sévères pour le partenaire est élevé, si des mesures préventives peuvent être proposées ou lorsque la partenaire est une femme enceinte ou allaitante (risque de transmission materno-fœtale).
Le patient doit être informé et encouragé dans sa démarche de notification, avec des messages clairs et adaptés (sur l’intérêt de la démarche, les modalités de notification, les ressources à disposition…). Si le patient le souhaite, le soignant peut proposer de le recevoir en consultation avec son partenaire.
Faire évoluer le cadre juridique : notification par les soignants, TAP
Des évolutions du cadre juridique permettront que la notification soit réalisée par un tiers (professionnel de santé, associatifs, médiateurs…) lorsque le patient infecté ne peut ou ne veut pas le faire, pour des raisons qui lui appartiennent et malgré tous les efforts effectués pour l’encourager en ce sens. Ce relais nécessite bien sûr le consentement libre et éclairé du patient index.
La HAS plaide aussi pour autoriser un traitement accéléré des partenaires (TAP), qui n’est pas permis par la réglementation actuelle. Le TAP consiste à remettre au patient index une ordonnance au profit d’un partenaire, sans consultation préalable de ce dernier.
Ce dispositif permettrait aux partenaires d’être traités au plus tôt surtout en l’absence de symptômes et si l’on sait qu’ils ne s’adresseront pas à un médecin.
Enfin, pour mesurer le déploiement, l’acceptabilité et l’impact de ces recos, et pour en identifier les éventuels obstacles, la HAS invite les pouvoirs publics à mettre en œuvre un dispositif d’évaluation et de suivi (systèmes de surveillance et d’enquêtes ponctuelles).
Martin Agudelo L. Préservatifs et pilule du lendemain gratuits : pour qui ? quelles modalités ? Rev Prat (en ligne) 6 janvier 2023.
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