Des cas de PIMS ont été décrits chez des enfants et des jeunes adultes infectés par le SARS-CoV-2. L’évolution après la phase aiguë de ces complications post-infectieuses, rares mais graves, n’est pas bien documentée. Une étude anglaise a suivi une cohorte d’enfants pendant 6 mois…
Dans cette étude publiée dans le Lancet Child and Adolescent Health, les auteurs ont suivi 46 enfants admis entre avril et septembre 2020 pour PIMS dans un hôpital londonien. L’âge médian à l’admission était de 10 ans (8,8-13,3) avec un sex ratio (H/F) de 30/16. Près de la moitié des patients ont reçu un traitement inotrope (22) et 1/3 une ventilation mécanique (16). La durée médiane d’hospitalisation était de 11 jours (8-16). Une comorbidité était retrouvée pour 17 % d’entre eux (8) et 80 % (37) appartenaient à des groupes ethniques décrits comme minoritaires. Aucun décès n’est survenu pendant la période de suivi.
À 6 semaines, le syndrome inflammatoire était rentré dans l’ordre pour tous les patients sauf un. L’IMC médian a régulièrement augmenté passant de 18 (à l’admission) à 20 (à 6 semaines) puis 21 kg/m² (à 6 mois). Pour 96 % des patients (44), l’échocardiographie était normale. Les symptômes gastro-intestinaux, qui ont été signalés chez 45 (98 %) des 46 patients au début, étaient présents chez 6 (13 %) des 46 patients à 6 mois. Les atteintes rénales, hématologiques et oto-rhino-laryngologiques se sont résolues en 6 mois. Pour 52 % à 6 semaines et 39 % à 6 mois, des difficultés exécutives, une fragilité émotionnelle et une faiblesse musculaire (test de marche sur 6 minutes) étaient rapportées.
À 6 mois, des anticorps anti-SARS-CoV-2 restaient détectables pour 90 % des patients (38).
Ainsi, les auteurs concluent que, malgré une maladie initiale sévère, peu de séquelles spécifiques d’organes ont été observées à 6 mois. Ils soulignent toutefois l’importance de la mise en place d’une réadaptation physique et psychologique pour les enfants hospitalisés pour un PIMS attribué au virus SARS-CoV-2, afin d’encadrer la reprise des activités et le retour scolaire.
Rappelons que ces affections doivent être détectées précocement pour enclencher une prise en charge urgente. Dans le contexte actuel de pandémie de Covid-19 (avec une circulation importante du variant delta chez les enfants non vaccinés), les médecins doivent penser au diagnostic de PIMS devant l’association des signes suivants :
– une fièvre élevée, souvent supérieure à 39 °C ;
– une altération marquée de l’état général : apathie, asthénie extrême, perte d’appétit, frissons, pâleur, douleurs diffuses, marbrures ;
– des signes digestifs (très fréquents) : douleurs abdominales, diarrhée, nausées, vomissements, syndrome pseudo-appendiculaire (le plus souvent, l’abdomen est souple à la palpation).
D’autres symptômes peuvent être présents, mais de manière variable :
– des signes de choc : pâleur, polypnée, tachycardie, pouls filant, hépatomégalie, temps de recoloration cutanée allongé, instabilité tensionnelle ou hypotension ;
– des signes cutanés et muqueux : injection conjonctivale, éruption maculo-papuleuse, prurit, œdème et rougeur des extrémités, lèvres sèches et fissurées (chéilite), glossite ;
– neurologiques : irritabilité, céphalées, méningisme, confusion ;
– respiratoires : polypnée, toux.
Ces signes peuvent être observés à tout âge et surviennent le plus souvent chez les enfants âgés de 4 à 11 ans.
En cas de tableau clinique évocateur ou même de doute, adresser ou transférer rapidement l’enfant en service hospitalier ; si signes de défaillance hémodynamique, contacter le SAMU.
Dans tous les cas, la réalisation d’un bilan biologique complémentaire (y compris la recherche d’infection actuelle ou passée par le SARS-CoV-2) ne doit pas retarder la prise en charge en urgence.
Attention : un antécédent de PIMS est une contre-indication à la vaccination Covid.
Cinzia Nobile, La Revue du Praticien
Pour en savoir plus :
Nobile C. Kawasaki-like lié au Covid chez l’enfant : quels sont les signes ? Rev Prat (en ligne) 12 juillet 2021.