La vapoteuse est souvent perçue comme un moindre mal par rapport à la cigarette à combustion. Résultat, elle est en plein essor : en 2022 en France, 7,3 % des 18 à 75 ans déclaraient vapoter, dont les trois quarts quotidiennement, évalue Santé publique France. Toutefois, plus de la moitié des usagers réguliers souhaitent s’en passer ; la e-cigarette n’est pas sans effets indésirables sur la santé respiratoire. Face à ce nouveau visage de l’addiction à la nicotine, les pistes pharmacologiques restent peu nombreuses et les preuves limitées. Des chercheurs ont monté, aux États-Unis, un essai randomisé en double aveugle multicentrique de phase II, pour comparer l’efficacité de la cytisinicline (ou cytisine), un agoniste partiel des récepteurs nicotiniques à l’acétylcholine α4β2, à celle d’un placebo dans le sevrage de la vapoteuse. En tout, 160 adultes vapoteurs voulant se sevrer et ne fumant pas de cigarettes ont été inclus (âge moyen = 33,6 ± 11,1 ans ; 51,9 % de femmes). Les participants ont été randomisés en proportion 2 :1 dans le bras cytisine (3 mg en comprimés trois fois par jour pendant douze semaines ; n = 107 personnes) ou dans le bras placebo (trois fois par jour pendant douze semaines ; n = 53 personnes). Durant le traitement, les deux groupes ont bénéficié chaque semaine d’un suivi et de conseils. Le critère de jugement principal était l’abstinence continue de vapoteuse vérifiée biochimiquement pendant les quatre dernières semaines de traitement. Les critères secondaires comprenaient l’abstinence biochimique continue durant les quatre semaines suivant l’arrêt du traitement et l’incidence d’effets indésirables.Les résultats ont été publiés dans le JAMA Internal Medicine : l’abstinence continue sur les quatre dernières semaines de traitement s’avère significativement plus élevée dans le groupe traité que dans le groupe placebo (31,8 % vs 15,1 % ; p-value = 0,04). Cette tendance se poursuit les quatre semaines suivant l’arrêt du traitement (23,4 % vs 13,2 % ; p-value= 0,15) mais de façon non significative. La cytisine a été bien tolérée : seuls 4 participants (3,7 % du groupe traité) ont arrêté le traitement en cours à cause d’un effet indésirable. Pour les auteurs, ces résultats démontrent l’intérêt de la cytisine dans le sevrage du vapotage mais nécessitent une confirmation.

Références
JAMA Intern Med 2024 May 6:e241313. Rigotti NA, Benowitz NL, Prochaska JJ, et al. Cytisinicline for vaping cessation in adults using nicotine e-cigarettes: The ORCA-V1 randomized clinical trial.PMID : 38709500