À l’heure où l’usage médical du cannabis dit thérapeutique est pratiquement acté en France, l’ouverture à son usage récréatif constitue la suite « logique », à l’image de la chronologie suivie dans tous les pays. En effet, ceux qui ont légalisé la drogue (le végétal) ont auparavant approuvé son emploi en thérapeutique, étape de « justification » qui semble incontournable. Il nous a donc paru opportun de rappeler les effets et les méfaits de la drogue dans le cadre de son usage récréatif. Les enquêtes en population générale réalisées en France depuis 25 ans par Santé publique France et l’Observatoire français des drogues et toxicomanies permettent de suivre l’évolution de la consommation de substances psychoactives. Une attention toute particulière est portée aux usages de cannabis qui, dans un contexte de large diffusion depuis un quart de siècle, n’ont cessé de progresser parmi les jeunes générations, mais également parmi les adultes plus âgés. La France est le pays européen dont la prévalence de consommation de cannabis est la plus élevée chez les jeunes et les adultes. En 25 ans, sa diffusion n’a cessé de s’étendre, et le taux d’expérimentation a été pratiquement multiplié par 4. Estimé à 12,7 % en 1992, il atteint 44,8 % en 2017. De surcroît, en 2017, 25 % des usagers de 18 à 64 ans avaient un risque élevé d’usage problématique ou de dépendance. Ce chiffre est inquiétant car en progression constante, il affecte 3 % des 18-64 ans, soit un peu plus de 1 million de personnes.Jean-Pierre Goullé, Académie nationale de médecine
8 décembre 2020