Le don du corps à la science est essentiel et indispensable pour deux grandes utilisations : l’enseignement de l’anatomie, l’apprentissage et l’amélioration des pratiques chirurgicales, et la recherche dans de nombreuses spécialités médicales et chirurgicales. Il s’agit d’un don libre et volontaire, fait du vivant du patient, par écrit, auprès d’un des centres de don situés dans les facultés de médecine en France. Malgré la grande qualité et la grande rigueur de travail de la majorité des centres du don, plusieurs problèmes et questions ont émergé ces dernières années. Ils concernent les modalités d’information du donateur sur les usages possibles des corps, l’information des proches sur cette démarche, la prise en charge ou non des frais de transports des corps, les modalités de traçabilité de la volonté des défunts, le devenir des cendres après l’utilisation des corps et les conditions de retour ou non aux familles. Le décès à distance du centre où le don a été enregistré pose des difficultés supplémentaires d’interaction entre les registres des centres. Ceci justifie la constitution d’un fichier national centralisé pour remplacer les fichiers propres à chaque centre. Les dysfonctionnements majeurs d’un centre parisien ont mis en lumière l’urgence d’une réglementation actualisée. Ces aspects ont été pris en compte mais pas complètement par les nouvelles lois de bioéthique de 2021 et le décret de 2022. Les pratiques et règles éthiques autour du don du corps à la science vont donc évoluer dans les années à venir. Cette évolution doit garder comme priorité la symbolique du corps mort et le respect de la dignité des défunts.
Grégoire Moutel, espace de réflexion éthique de Normandie, service de médecine légale et chambre funéraire, CHU de Caen, ANTICIPE, Normandie Université, Unicaen, Inserm, Caen, France
22 novembre 2022