Les remplaçants : la nouvelle vague de novembre

Une des principales difficultés va être de trouver les ressources fiables et actualisées pour créer son entreprise, en gérer les formalités administratives, et penser à tout. Bien que certaines facultés organisent une « Journée de l’installation » en fin d’internat, elles renseignent encore rarement ou insuffisamment à ce propos. De plus, chaque interlocuteur interrogé (Urssaf, CARMF, CDOM…) donne souvent une version autocentrée et détachée des autres, tel un grand puzzle ; sans compter que les interactions sont rendues encore plus compliquées par la situation sanitaire actuelle. Il existe bien des organismes coûteux qui proposent de tout faire à votre place, mais rien ne remplace une autogestion pour comprendre et garder la main, et l’évidence est sûrement de faire confiance à ceux qui viennent de passer par là.
Les 12 commandements du remplaçant édités par ReAGJIR¹ sont sans doute la première ligne à suivre pour commencer. Obtenir ou renouveler sa licence de remplacement auprès de l’Ordre des médecins (ou s’inscrire au tableau de l’Ordre pour les thésés), s’assurer d’être couvert par une responsabilité civile professionnelle (RCP) adaptée, se déclarer auprès de l’Urssaf et de la CPAM dès le début, signer un contrat pour chaque remplacement, et souscrire ou actualiser une prévoyance dédiée en sont les bases.
L’importance de la prévoyance n’est pas toujours bien perçue, comme l’a souligné le sondage réalisé par ReAGJIR sur l’impact financier du coronavirus en début d’année : 10  % des répondants (147/1 375) avaient déclaré ne pas avoir souscrit de prévoyance. De nombreux médecins, remplaçants comme installés, n’ont peut-être pas conscience qu’ils ne bénéficient d’indemnités journalières qu’à partir du 91^e jour d’arrêt de travail (en l’absence d’affiliation à la CARMF, ils peuvent même ne pas en recevoir du tout ; cf. dernier paragraphe). Les conséquences d’une absence de couverture sont clairement apparues pendant et après le confinement.

S’engager ou adhérer à l’une des structures régionales de ReAGJIR (syndicat associatif dont les administrateurs sont bénévoles), c’est pouvoir échanger avec la génération venant de franchir toutes ces épreuves. Pour la suite, c’est continuer à transmettre l’expérience pratique, les trucs et astuces des transitions de nos débuts d’activité. D’autant que chaque année voit les réglementations changer et les formulaires à remplir se modifier.

Le régime simplifié des professions médicales (RSPM), vers lequel le centre de formalités des entreprises oriente tous les jeunes remplaçants, est alléchant sur le papier mais affiche de nombreuses contraintes et inconnues. En l’état actuel des choses, on aurait envie de dire que c’est un régime « low cost » (avec la qualité de prestations qui va avec), mais ce serait inexact puisque pour 2020 il est même plus coûteux que le régime commun pour les remplaçants non thésés ! Cela reste essentiellement lié au fait que l’affiliation à la Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF) est toujours suspendue pour les remplaçants non thésés pour l’année 2020, sans que l’on sache avec certitude ce qu’il en sera au 1^er janvier prochain. Et ce ne sont pas les cotisations supplémentaires versées via le RSPM, si tant est qu’elles soient bien enregistrées quelque part, qui amélioreront une utopique retraite.
Au vu des changements accumulés, ReAGJIR est en train d’actualiser son P’tit Guide du jeune généraliste (les mises à jour de la version actuelle étant disponibles sur le site www.reagjir.fr). Sa sortie est prévue pour les prochaines Rencontres nationales les 3 et 4 juin 2021 à Orléans, un moment attendu de partage et de formations. L’occasion pour les plus anciens de se retrouver mais aussi de souhaiter la bienvenue aux plus jeunes !