Les îlots de chaleur urbains (ICU) – ces augmentations temporaires de la température en ville pouvant atteindre plusieurs degrés qui sont dues à l’aménagement urbain – étaient déjà soupçonnés de provoquer des décès par temps de canicule en Europe. Une étude publiée en 2016 dans Environmental Health avait estimé qu’ils avaient contribué à la moitié des décès liés à la canicule de 2003 dans le comté anglais des Midlands de l’Ouest.Afin d’évaluer l’impact des ICU sur la mortalité liée aux canicules à l’échelle de l’Europe, des chercheurs suisses ont modélisé leur effet sur le nombre de décès liés à la chaleur estivale entre juin et août 2015, dans 93 villes européennes de plus de 50 000 habitants. Pour estimer les morts dues aux ICU parmi les décès liés à la chaleur estivale, les auteurs ont modélisé le nombre de morts que la chaleur aurait causé sans la variation de température des ICU.Publiée fin janvier dans le Lancet, cette analyse révèle qu’en 2015, 6 700 décès prématurés ont été causés par les ICU lors de la canicule estivale dans les 93 villes européennes étudiées, soit 4,33 % des décès estivaux.Les auteurs estiment qu’une augmentation de 30 % de la surface couverte par des arbres dans ces villes les aurait refroidies de 0,4 °C en moyenne, empêchant 2 644 de ces décès prématurés, soit près de 40 %.Ils en déduisent que leur étude souligne les effets délétères des ICU, ainsi que l’intérêt sanitaire de planter des arbres pour refroidir les villes en été.

Références
Lancet 2023;401(10376):577-89. Iungman T, Cirach M, Marando F, et al. Cooling cities through urban green infrastructure: A health impact assessment of European cities. PMID : 36736334