Les enfants sont-ils moins infectés par le SARS-CoV-2 ?
Depuis le début de l’épidémie, on sait que les enfants font généralement des formes légères de la Covid, et sont moins susceptibles d’être infectés, surtout les moins de 5 ans. Ils auraient 2 fois moins de risque de contracter une infection par le SARS-CoV-2 que les adultes. Si les enfants et les adolescents représentaient 1 et 3 % des cas de Covid dans le monde dans les premières études, selon les données américaines récentes, au total, ils constituent aujourd’hui 11 % des cas comptabilisés. Toutefois, ces chiffres sont largement sous-estimés, pour plusieurs raisons : accès limité aux tests, écouvillons nasaux jugés trop traumatisants, taux important d’asymptomatiques et paucisymptomatiques… De plus, la majorité des études ont été réalisées dans un contexte de contacts très limités (confinement mondial, écoles fermées). Difficile d’extrapoler les résultats au contexte actuel (tel qu’en école française, avec 25 à 35 élèves par classe, brassés en cour de récréation ou en restauration collective) et en période de circulation virale intense… Par ailleurs, l’incidence de l’infection chez les enfants est en augmentation dans plusieurs pays européens.
Les enfants peuvent-ils transmettre le virus ?
Plusieurs études ont montré que la charge virale des enfants infectés, quel que soit l’âge, est similaire à celle des adultes. Elle serait particulièrement élevée chez les moins de 5 ans. Lorsqu’ils ont des symptômes, les enfants sont contaminants pour toutes les classes d’âge, dans les mêmes proportions que les adultes. La transmission intrafamiliale serait aussi élevée qu’il s’agisse au départ d’un adulte contaminé ou d’un enfant de moins de 12 ans. Comme pour l’adulte, on ignore à ce jour dans quelle mesure les sujets totalement asymptomatiques sont infectieux.
Quel est le rôle de l’ouverture des écoles sur l’épidémie ?
Dans une étude de modélisation incluant 131 pays, dont l’objectif était d’évaluer l’efficacité des différentes mesures pour endiguer l’épidémie, seules la réouverture des écoles et la levée des interdictions des rassemblements publics de plus de 10 personnes étaient associées à une augmentation significative du taux de reproduction (R0).
Dans un article du JAMA du 28 octobre 2020, les auteurs soulignent que l’impact de l’ouverture des écoles sur la transmission virale dépend de trois grands facteurs :
– la situation épidémique, ce qui expliquerait l’impact négatif de la réouverture des écoles en Israël (où le virus circulait activement) versus l’expérience positive rapportée par d’autres pays (Finlande, Belgique, Autriche, Taïwan, Singapour) où la réouverture a eu lieu lorsque l’épidémie était contrôlée (nombre de cas positifs très faible) ;
– l’application concomitante d’autres mesures au sein de la communauté et l’adhésion de la population (comme la généralisation du masque) ;
– la structure démographique de chaque population, les pays les plus à risque étant ceux ayant une proportion plus importante d’enfants en âge scolaire et/ou de personnes âgées.
Le port du masque est-il efficace chez les enfants ?
Très peu d’études ont évalué l’efficacité des masques contre la transmission des virus respiratoires (grippe) chez les enfants, mais les moins de 11 ans seraient moins protégés que les adultes, probablement car les masques ne s’adaptent pas parfaitement au visage des petits et que ces derniers sont moins observants. Pendant la pandémie de Covid, une seule étude a été réalisée dans une école primaire à Wuhan : elle montrait que 51,60 % des élèves étaient observants.
Bien que quelques désagréments aient été décrits (irritation, gêne, distraction), il n’y a pas d’argument en faveur d’une diminution de la saturation périphérique en oxygène liée au port du masque. Certaines situations sont toutefois problématiques : apprentissage de la lecture, enfants malentendants (mais des masques dits inclusifs, permettant la visualisation des lèvres du porteur, sont disponibles), handicap, port lors de l’activité physique.
Selon l’OMS, ces situations doivent être évalués au cas par cas. Elle rappelle que les masques doivent être de qualité, adaptés en taille, confortables, et permettre une bonne respiration. Les parents doivent bien expliquer les raisons et la modalité du port du masque, afin de limiter l’impact psychologique de la diminution de la communication non verbale.
Comme rappelé également par le collectif « Du côté de la science », cette mesure doit faire partie d’une stratégie plus globale, comme le décalage des heures d’arrivées et des départs des élèves, l’espacement des tables dans les salles de classe, le lavage des mains, la ventilation… l’objectif étant de maintenir les écoles ouvertes autant que possible, afin d’éviter l’aggravation des inégalités scolaires, les violences domestiques et l’impact économique résultant de l’incapacité des parents à travailler s’ils doivent garder leurs enfants à la maison.
Cinzia Nobile, La Revue du Praticien