Touchant plus de 200 000 personnes en France, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) font l’objet de nombreuses recherches visant à identifier des variants génétiques à risque. Cependant, aucune étude n’avait jusqu’ici cherché à identifier de manière systématique des facteurs environnementaux pour ces maladies liées à des dérégulations du système immunitaire, faute de méthode de recherche adéquate.Pour répondre à ce défi, une équipe internationale a développé une méthode systématique de recherche des facteurs environnementaux impliqués dans les MICI fondée sur trois éléments : les données génétiques compilant les gènes impliqués dans les MICI, les données toxicologiques listant les produits chimiques connus pour perturber les voies de signalisation cellulaire anormales dans les MICI (les facteurs environnementaux candidats), et enfin l’utilisation du poisson-zèbre comme modèle animal et de culture de cellules humaines pour valider en laboratoire le mode d’action des substances candidates et leur effet sur le système immunitaire.À l’issue de la première utilisation de cette méthode novatrice, rapportée en octobre dans Nature, les auteurs ont découvert un facteur environnemental susceptible de favoriser les MICI : le propyzamide, un herbicide fréquemment employé dans la culture du colza qui agit par voie racinaire. Les chercheurs ont déterminé qu’il perturbait la voie de signalisation cellulaire AhR–NF-κB–C/EBPβ, découverte à cette occasion et qui promeut l’inflammation intestinale. Les auteurs concluent que leur méthode permet l’identification de facteurs environnementaux impliqués dans les MICI, et pourrait être utilisée à l’avenir pour en identifier dans d’autres maladies multifactorielles.

Références
Nature 2022;611(7937):801-9. Sanmarco LM, Chao CC, Wang YC, et al. Identification of environmental factors that promote intestinal inflammation. PMID : 36266581