Depuis une vingtaine d’années, les principales infections sexuellement transmissibles sont en recrudescence, dont la syphilis. Dans de rares cas, cette dernière peut se compliquer d’une atteinte neurologique qui peut entraîner de graves séquelles.

 

La benzylpénicilline par voie intraveineuse est le traitement de référence de ces atteintes, mais son administration nécessite une hospitalisation prolongée, d’au moins 14 jours. Actuellement, il n’existe pas d’alternative thérapeutique d’efficacité semblable qui permette de raccourcir la durée d’hospitalisation.

Dans une étude rétrospective parue récemment dans The Lancet Infectious Diseases, une équipe française (réunissant, sous l’égide du Centre national de référence de la syphilis de l’hôpital Cochin, 8 services de maladies infectieuses au niveau national) a évalué l’efficacité de la ceftriaxone par rapport à la benzylpénicilline dans le traitement de cette maladie.

L’étude a inclus 208 patients (âge moyen : 44 ans ; 93 % d’hommes) traités pour une neurosyphilis dans l’un de ces 8 centres du 1er janvier 1997 au 31 décembre 2017. Parmi eux, 166 ont reçu de la benzylpénicilline IV (3-4 MIU toutes les 4 heures) et 42 ont reçu de la ceftriaxone (2 g, 1 fois par jour), pendant au moins 10 jours. Le critère de jugement principal était la réponse clinique à 1 mois, définie comme la disparition totale des symptômes neurologiques ou ophtalmologiques (récupération de la vision, de l’audition, disparition des symptômes méningés, guérison de la paralysie faciale…). Les critères secondaires incluaient également la réponse sérologique à 6 mois (diminution, au test VDRL, des titres sériques des anticorps à un quart du niveau initial) et la durée de l’hospitalisation.

Résultats : le critère principal était atteint pour 98 % des patients traités par ceftriaxone contre 76 % de ceux traités par benzylpénicilline, avec 22 (52 %) patients dans le groupe ceftriaxone et 55 (33 %) dans le groupe benzylpénicilline ayant eu une réponse complète ; le critère secondaire (réponse à 6 mois) était atteint chez 88 % (21 sur 24 patients) dans le groupe ceftriaxone contre 82 % (76 sur 93) dans le groupe benzylpénicilline. Après ajustement, aucune différence significative n’est constatée entre les deux groupes, suggérant que la ceftriaxone est aussi efficace que la pénicilline sur ces deux critères (réponse clinique à 1 mois et sérologique à 6 mois). Aucun effet indésirable majeur n’a été signalé dans l’un ou l’autre des groupes.

De plus, la durée d’hospitalisation était raccourcie en moyenne de 5 jours chez les patients sous ceftriaxone.

Ces résultats encourageants, issus d’une étude rétrospective, doivent cependant être confirmés par une étude prospective randomisée.

LMA, La Revue du Praticien

À lire aussi :

Monsel G, Palich R, Caumes E. Syphilis : quoi de nouveau ? Rev Prat 2018;68(8);881-5.