La dépression du post-partum (DPP) touche 1 femme sur 6, et un quart d’entre elles présentent des idées suicidaires. Elle ne fait pas l’objet d’un traitement médicamenteux spécifique, la recommandation actuelle étant l’association d’une psychothérapie et d’un antidépresseur de type ISRS.Toutefois, la Food and Drug Administration (FDA) américaine a autorisé la commercialisation de la zuranolone dans le traitement de la DPP. Antidépresseur d’action rapide administré par voie orale, ce neurostéroïde appartient à une nouvelle classe d’antidépresseurs : il s’agit d’un modulateur allostérique positif des récepteurs GABAA, dont le mécanisme d’action précis reste à ce jour inconnu. Selon les recommandations américaines, il doit être pris le soir avec un repas gras et en association avec un moyen contraceptif, puisque les études animales montrent un risque de toxicité pour le foetus.L’agence fédérale américaine s’est appuyée sur deux essais multicentriques de phase III randomisés en double aveugle contre placebo pour statuer sur la sécurité et l’efficacité de la zuranolone dans le traitement de la DPP.Parue en 2021 dans JAMA Psychiatry, la première étude a comparé un placebo (n = 76 femmes) à 30 mg de zuranolone (n = 77 femmes) pris chaque soir pendant deux semaines, chez des femmes atteintes de DPP moins de six mois post-partum. Le critère de jugement principal était un changement du score sur l’échelle d’évaluation de la dépression de Hamilton (HAM-D- 17) entre les groupes placebo et zuranolone au quinzième jour de traitement. Une amélioration significative du HAM-D- 17 a été observée dans le groupe traité par rapport au groupe placebo à partir du troisième jour de traitement, avec un seul effet indésirable grave par groupe (syndrome confusionnel avec zuranolone, pancréatite dans le groupe placebo) et un seul arrêt de traitement en raison d’un effet indésirable dans le groupe traité.Menée par la même équipe, la deuxième étude est parue fin juillet 2023 dans The American Journal of Psychiatry. Dans cet essai chez des patientes atteintes de DPP sévère, les auteurs ont comparé un groupe placebo (n = 98 femmes) et un groupe traité avec la zuranolone 50 mg une fois par jour pendant quatorze jours (n = 98 femmes), en utilisant comme critère de jugement principal la différence de score HAM-D- 17 au quinzième jour. Là encore, les patientes traitées ont vu leur score s’améliorer significativement par rapport aux femmes non traitées (qui, elles aussi, ont connu une amélioration du HAM-D- 17 par rapport au premier jour d’administration du placebo). Les effets indésirables fréquents (≥ 10 %) étaient la somnolence, la sédation et la nausée.

Références
JAMA Psychiatry 2021;78(9):951-9. Deligiannidis KM, Meltzer-Brody S, Gunduz-Bruce H, et al. Effect of zuranolone vs placebo in postpartum depression: A randomized clinical trial.PMID : 34190962
Am J Psychiatry 2023;180(9):668-75. Deligiannidis KM, Meltzer-Brody S, Maximos B, et al. Zuranolone for the treatment of postpartum depression.PMID : 37491938