L’obésité touche 17 % des adultes en France métropolitaine. La lutte contre cette maladie complexe et multifactorielle s’appuie depuis quelque temps sur de nouveaux médicaments et candidats médicaments, dont les analogues de l’incrétine glucagon-like peptide- 1 (GLP- 1). Parmi eux, le sémaglutide bénéficie d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne dans cette indication depuis janvier 2022, grâce aux résultats positifs de l’étude SELECT. Cet essai randomisé contre placebo a inclus 17 604 adultes non diabétiques d’indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 27 et ayant une pathologie cardiovasculaire, répartis en deux bras : injection sous-cutanée hebdomadaire de sémaglutide 2,4 mg (n = 8 803 patients au début de l’essai) ou de placebo (n = 8 801 personnes au départ). La durée moyenne de traitement était de 34,2 ± 13,7 mois. Après un an et trois mois, les patients sous sémaglutide avaient une perte moyenne de plus de 10 % du poids initial et une réduction du risque cardiovasculaire.Mais qu’en est-il de la perte de poids et des autres effets de ce médicament à plus long terme ? Pour le savoir, des chercheurs américains ont mené une analyse préspécifiée (c’est-à-dire prévue dès l’initiation de l’essai, par opposition aux analyses post hoc) de l’impact du sémaglutide sur le poids et les mesures anthropométriques (tour de taille, rapport tour de taille/hauteur) ainsi que de sa tolérance à 208 semaines post-inclusion parmi les patients de l’essai SELECT.Les résultats de cette analyse sont parus mi-mai dans Nature Medicine. Après quatre ans (208e semaine), le bras sémaglutide comptait encore 921 patients (10,5 % de son effectif initial) versus 898 personnes dans le groupe placebo (10,2 % de son effectif initial). Chez les patients traités par sémaglutide, la perte de poids s’est poursuivie pendant 65 semaines, puis le poids est resté stable jusqu’à quatre ans après l’initiation de l’essai. À 208 semaines, par rapport au placebo, le sémaglutide était associé de manière significative à une réduction du poids (- 10,2 % vs - 1,5 %), du tour de taille (- 7,7 cm vs - 1,3 cm) et du rapport tour de taille/hauteur (- 6,9 % vs - 1,0 %) [p-value < 0,0001]. Pour chaque catégorie d’IMC, les événements indésirables graves étaient plus rares dans le groupe sémaglutide, mais ce dernier était associé à un taux plus élevé d’arrêt de l’essai clinique après un événement indésirable (16,6 % du groupe sémaglutide vs 8,2 % du groupe placebo ; p-value < 0,001).Pour rappel, en avril 2024, l’Agence européenne du médicament a publié des données de pharmacovigilance rassurantes écartant un lien de causalité entre la prise d’analogues du GLP- 1 et des idées ou actes suicidaires ou d’automutilation.

Références
Nat Med 2024 May 13. Ryan DH, Lingvay I, Deanfield J, et al. Long-term weight loss effects of semaglutide in obesity without diabetes in the SELECT trial.PMID : 38740993