Les patients qui ont été hospitalisés et dont l’état de santé permet d’envisager un retour à domicile avec un apport en oxygène nécessaire à leur prise en charge, et exceptionnellement des malades dont l’état de santé permet une prise en charge initiale à domicile sont concernés par cette mesure, dont la mise en place repose sur une décision partagée entre le patient et son médecin en lien avec une équipe hospitalière de référence.
Les critères d’éligibilitéliés à l’environnement sont : l’autonomie du patient, un domicile salubre, avec la présence permanente d’un tiers, situé à moins de 30 minutes d’un établissement de santé de référence disposant d’une structure d’urgence ou d’un SMUR de proximité.
Les critères liés à l’objectif thérapeutique poursuivi sont :
– pour un patient sortant d’une hospitalisation, poursuite du sevrage d’oxygénothérapie avec un besoin inférieur à 4 L/min pour maintenir la saturation en oxygène ;
– pour un patient non hospitalisé, rétablir la saturation sanguine en oxygène (SPO2) au-dessus de 92 % au repos.
Sont exclus : les patients souffrant d’une pathologie chronique (diabète, insuffisance rénale) non stabilisée, d’une obésité morbide, les femmes enceintes, etc., ainsi que les patients qui cumulent au moins deux critères mineurs : âge supérieur à 70 ans, pathologie cardiovasculaire, cirrhose, diabète équilibré, etc. (l’âge seul ne suffit pas à exclure un patient de ce dispositif).
Une anticoagulation prophylactique et des corticoïdes à faible dose (dexaméthasone 6 mg/j ou équivalent pendant 5 à 10 jours) sont prescrits en complément de l’oxygénothérapie, ainsi que le paracétamol contre la fièvre et la douleur ; les anti-inflammatoires non stéroïdiens ne sont pas recommandés et l’antibiothérapie ne doit pas être systématique.
Une surveillance rapprochée par une équipe pluriprofessionnelle (médecin généraliste, infirmier, kinésithérapeute) en lien avec une équipe hospitalière de référence s’impose. Il faut contacter celle-ci en cas d’aggravation : si le débit d’oxygène est supérieur à 3 L/min avec une désaturation rapide (quelques heures), en cas d’apparition d’une complication quelle qu’elle soit, de non-amélioration après 72 heures, ou sur décision du médecin généraliste à tout moment ; ou contacter le SAMU Centre 15 en vue d’une hospitalisation en cas de : débit d’oxygène supérieur ou égal 4 L/mn, désaturation à SpO2 < 90 % à deux prises consécutives.
Le Groupe d'assistance ventilatoire de la Société de pneumologie de langue française a exprimé des réserves sur cette mesure, rappelant qu’elle est possible mais tendue en phase aiguë et ne doit être mise en place que pour des situations exceptionnelles et argumentées. Elle a donc édité des Rappels réglementaires et techniques pour l’oxygénothérapie de courte durée au domicile, dans le contexte de patients atteints de Covid-19 grave hors milieu pneumologique (document du 6 novembre 2020).
La Société de pathologie infectieuse de langue française a, quant à elle, considéré que le maintien à domicile de patients devenant oxygéno-requérants pouvait être dangereuse, que « la prise de risque serait majeure, compte-tenu de l'instabilité des patients à ce stade, et de la multitude des complications possibles ».
Pour en savoir plus
Haute Autorité de santé. Réponses rapides dans le cadre de la Covid-19 – Prise en charge à domicile des patients atteints de la Covid-19 et requérant une oxygénothérapie. 9 novembre 2020.
L.M.A., La Revue du Praticien