Cette analyse transversale a inclus plus de 18 000 sujets d’âge médian 76 ans ayant des troubles cognitifs légers (60,5 % d’entre eux) ou une démence (39,5 %). Les chercheurs ont étudié l’association entre la pollution atmosphérique, mesurée en concentration de particules fines < 2,5 µm (PM2,5) et d’ozone (O3) troposphérique, et la probabilité d’avoir une tomographie par émission de positons (TEP) amyloïde positive. Les participants ont eu une TEP amyloïde entre 2016 et 2018, alors que les mesures de la qualité de l’air ont concerné leur lieu de résidence entre 2002 et 2003, puis entre 2015 et 2016, soit respectivement 13 à 15 ans et 1 à 2 ans avant l’examen.
Résultat : une plus grande concentration de PM2,5 était associée à des dépôts plus importants de peptide amyloïde-β dans le cerveau. Cette association restait significative même après ajustement de facteurs démographiques, socio-économiques, de mode de vie et de comorbidités. De plus, elle semblait dépendre de la dose : ainsi, pour une augmentation de 1 μg/m3 de PM2,5 entre 2002 et 2003, la probabilité d’avoir une TEP amyloïde positive aurait augmenté d’environ 0,5 %, et d’environ 0,8 % quand cette hausse de 1 μg/m3 était survenue plus récemment (entre 2015 et 2016). En ce qui concerne l’ozone, aucune association significative de ce type n’a cependant été trouvée.
Ces conclusions vont dans le sens d’autres études épidémiologiques qui suggèrent une association entre l’exposition à la pollution atmosphérique – dont les PM2,5, mais pas seulement – et le déclin cognitif. Une étude sur près de 10 millions de sujets âgés aux États-Unis a, par exemple, établi un lien entre l’exposition à long terme à ces particules fines et un délai plus court avant une première hospitalisation pour cause de démence, maladie d’Alzheimer ou maladie de Parkinson.
Bien que ce lien entre la pollution atmosphérique et une TEP amyloïde positive n’ait concerné dans cette étude que des sujets ayant déjà des déficits cognitifs – donc difficile à généraliser à la population générale –, il n’en constitue pas moins un argument de poids, selon les auteurs, pour prendre en compte ce type de pollution dans les politiques de santé publique.
Pour en savoir plus
Iaccarino L, La Joie R, Lesman-Segev OH, et al. Association Between Ambient Air Pollution and Amyloid Positron Emission Tomography Positivity in Older Adults With Cognitive Impairment. JAMA Neurol. Publié en ligne le 30 novembre 2020.
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Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien