Une patiente de 55 ans consulte pour une morsure de chat au niveau du mollet gauche, survenue la veille (fig. 1), accompagnée de fortes douleurs apparues quelques heures après.
À l’examen clinique, la face postérieure de la jambe apparaît œdématiée et rouge ; le mollet est chaud et douloureux à la  palpation. Cette inflammation est centrée sur la plaie d’où s’écoule un liquide sérosanglant (fig. 2).
Les circonstances de survenue, la brièveté d’inoculation et la douleur disproportionnée sont très évocateurs de pasteurellose.
Des prélèvements locaux sont réalisés et un traitement est mis en place en attendant les résultats : désinfection de la plaie et antibioprophylaxie par amoxicilline-acide clavulanique. Les résultats de la culture sur prélèvement étaient positifs pour Pasteurella multocida. L’antibiothérapie a été poursuivie pour une durée de 7 jours.

La pasteurellose est une maladie d’inoculation due à Pasteurella multocida (bacille à Gram négatif). Le réservoir principal est l’animal (chat, chien, autres mammifères, oiseaux), ainsi que le milieu extérieur. La contamination se fait par morsure ou griffure animale et exceptionnellement par piqûre végétale. L’incubation est extrêmement courte : les symptômes apparaissent en trois à six heures (jamais en plus de 24 heures).

Les signes cliniques évocateurs sont des douleurs locales intenses, un aspect inflammatoire majeur autour de la plaie avec un écoulement sérosanglant possible. Une lymphangite et des adénopathies satellites sont souvent associées à cette dermohypodermite. En l’absence de traitement, la pasteurellose peut se compliquer d’arthrites, de phlegmon des gaines, voire de bactériémie sur les terrains immunodéprimés.

Le traitement préventif repose sur la désinfection, le nettoyage de la plaie d’inoculation et l’antibioprophylaxie après morsure (amoxicilline-acide clavulanique) pendant 7 jours (14 jours en cas de bactériémie). En cas d’allergie aux pénicillines, le recours à la céphalosporine ou à la doxycycline est indiqué. Le traitement chirurgical est réservé aux formes compliquées (phlegmon des gaines, arthrite).

Pour en savoir plus
Épaulard O, Le Berre R, Chirouze C (dir.). ECN.Pilly 2020. Maladies infectieuses et tropicales. Prépa ECN. Tous les items d’infectiologie (6e éd.). Paris: Alinéa plus, 2019.
HAS. Prise en charge des infections cutanées bactériennes courantes. Ann Dermatol Venereol 2019 ;146(10) :610-625.
Kimura R, Hayashi Y, Takeuchi T, et al. Pasteurella multocida septicemia caused by close contact with a domestic cat: Case report and literature review. J Infect Chemother 2004;10(4):250-2.

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