À la suite d’une étude mettant en évidence, pour la première fois, un risque malformatif pour les fœtus exposés à l’hydroxychloroquine pendant la grossesse, l’ANSM donne l’alerte et rappelle les bonnes pratiques pour les prescripteurs et les informations à donner aux patientes.
L’hydroxychloroquine (Plaquenil) est un antipaludéen de synthèse indiqué chez l’adulte dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde et du lupus érythémateux subaigu ou discoïde, ainsi que dans le traitement d’appoint ou la prévention des rechutes des lupus systémiques et la prévention des lucites.
Les données disponibles à ce jour ne mettaient pas en évidence un risque malformatif des enfants exposés in utero à cette molécule (cf. le CRAT) : dès lors, il est aujourd’hui recommandé de ne pas interrompre sa prise pendant la grossesse dans certaines pathologies comme le lupus, au risque de compromettre l’équilibre de la pathologie maternelle.
Néanmoins, une étude américaine a récemment montré un risque de malformation chez les enfants exposés au cours dupremier trimestre de la grossesse. Elle a comparé 2 045 grossesses exposées à 19 080 grossesses non exposées à l’hydroxychloroquine : le risque malformatif des fœtus exposés était multiplié par 1,33 par rapport à ceux non exposés, à partir d’une dose journalière supérieure ou égale à 400 mg. Il s’agit de malformations graves, sans que l’on puisse en mettre en évidence un type particulier. Enfin, bien que l’étude ne semble pas montrer de risque pour les doses < à 400 mg, les données restent trop limitées à ce jour pour l’exclure.
À la suite de ces conclusions, évaluées au niveau européen, le RCP et la notice de Plaquenil sont en cours de mise à jour.
Informations pour les prescripteurs
Chez la femme en âge de procréer
- Prendre en compte le risque malformatif dans toute prescription d’hydroxychloroquine.
- Informer en vos patientes et leur rappeler l’importance, en cas de projet de grossesse, d’en parler en vue d’adapter avec elles le traitement.
- Recommander l’utilisation d’une méthode de contraception.
Au cours de la grossesse
- Éviter la prescription d’hydroxychloroquine, sauf si le bénéfice pour la mère l’emporte clairement sur les risques pour l’enfant.
- Si le traitement est poursuivi, la dose efficace la plus faible devra être utilisée et un suivi obstétrical attentif devra être mis en place pendant toute la grossesse.
Après la naissance
Un enfant qui a été exposé au long cours à l’hydroxychloroquine durant la grossesse doit faire l’objet d’un suivi particulier, en prenant en compte le profil d’effets indésirables de cette molécule, notamment ophtalmologiques.
Que dire aux patientes traitées par hydroxychloroquine ?
- Si vous êtes en âge d’avoir des enfants et que vous n’avez pas de projet de grossesse, une contraception est recommandée.
- Si vous avez un projet de grossesse, parlez-en à votre médecin qui déterminera avec vous la prise en charge adaptée à votre situation médicale.
- Si vous êtes enceinte, parlez-en à votre médecin qui déterminera avec vous s’il est nécessaire de poursuivre le traitement. N’arrêtez pas l’hydroxychloroquine sans en avoir discuté avec votre médecin, car votre maladie pourrait s’aggraver et entraîner de graves conséquences pour vous et votre enfant. Si le traitement est poursuivi, une surveillance obstétricale renforcée du fœtus devra être mise en place. Après la naissance, un suivi médical de votre enfant, notamment de sa vision, sera également nécessaire.