Malgré cet écart important dans l’estimation, lié à la définition des pratiques variable selon la culture et le pays d’étude, la prévalence est élevée : un fait que l’équipe soignante doit prendre en compte, pour mieux informer le patient sans jugement ni culpabilisation !
Le recours à ces pratiques est particulièrement important en oncopédiatrie et en soins palliatifs, pouvant aller jusqu’à 90 %, avec une préférence pour les naturopathes, les coupeurs de feu, les ostéopathes ou encore les régimes alimentaires, mais il semble être généralisé. Ainsi, en France, 15 à 20 % des patients atteints de cancer et traités par chimiothérapie utilisent l’acupuncture pour lutter contre les nausées et les vomissements. Les raisons invoquées par les patients sont, en règle générale, de soulager les symptômes et d’apporter un soutien à la thérapie conventionnelle, surtout en cas de détérioration de l’état de santé.
Or, si plus de 80 % des personnes qui utilisent ces thérapies les reconnaissent comme efficaces, voire les recommandent à leur entourage, les preuves scientifiques pour étayer cette efficacité sont insuffisantes (études non randomisées, unicentriques, faible échantillon de malades, etc.), et les risques associés peuvent être majeurs – en particulier lorsqu’il s’agit de thérapies alternatives qui peuvent entraîner un retard au diagnostic et à la prise en charge. C’est pourquoi il est important d’en parler le plus tôt possible, idéalement lors de la consultation d’annonce. Ouvrir le dialogue sur les pratiques complémentaires diminue les risques associés (interaction avec la thérapie conventionnelle par induction ou inhibition enzymatique, toxicité directe de la pratique, voire dérives sectaires aboutissant à une rupture du traitement conventionnel). Encadrer leur utilisation par une coordination de soins de support, en allant dans le sens du patient qui recherche son bien-être, permet une optimisation de la prise en charge globale de sa maladie.
Lisez notre article à ce sujet : Träger S. Que penser des pratiques non conventionnelles dans la prise en charge des cancers ? Rev Prat 2020;70:252-6.
Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien